samedi 3 mars 2007

En prison depuis 30 ans pour rien !




J'ignore si vous avez déjà entendu le nom de Leonard Peltier . J'ai entendu parler de lui il y a quelques années lorsque j'effectuais des recherches sur la culture amérindienne . J'échangeais à cette époque des documents avec Paul ,mon correspondant d'Arizona .C'est lui qui m'a parlé du cas Leonard Peltier .


J'espère que - comme moi - vous vous y intéresserez et que vous agirez à votre niveau !



UN PRISONNIER POLITIQUE SIOUX AUX ÉTATS-UNIS:



L’affaire Leonard Peltier
Depuis 1977, Leonard Peltier, amérindien, membre des tribus sioux, est emprisonné au pénitencier de Leavenworth, au Kansas, Etats-Unis. Il a 58 ans et purge une double peine de perpétuité, accusé du meurtre de deux agents du FBI. Il clame son innocence depuis vingt-cinq ans. Ses défenseurs soutiennent qu’il a été victime d’un procès politique et d’une condamnation « pour l’exemple », alors qu’il n’existe aucune preuve de sa culpabilité. Malgré la mobilisation internationale des défenseurs des droits humains et des amis des Indiens d’Amérique, Leonard Peltier est toujours emprisonné et son cas demeure peu connu du grand public.




Souvent, parler des Indiens d’Amérique du Nord renvoie à des stéréotypes : plumes, bisons, tipis, etc. En 2002, environ trois millions d’Indiens, survivants du génocide commis par les colons et les militaires américains au XIXe siècle, vivent aux Etats-Unis. La réalité de leur vie quotidienne est très éloignée de tous ces clichés folkloriques. La majorité de ces peuples connaissent des difficultés économiques et des problèmes sociaux liés à la perte de repères identitaires ; ce qui a entraîné une forte présence de l’alcoolisme dans nombre de tribus. Malgré ces aspects négatifs, les Indiens demeurent des rescapés de l’histoire. Depuis trente ans, un renouveau culturel, social et économique a vu le jour dans les différentes tribus et réserves. Par leurs luttes continuelles, ces oubliés de l’Amérique ont réussi à obtenir une certaine amélioration de leur sort.
Leurs combats s’expriment au quotidien dans les centres communautaires des grandes villes ou au sein des réserves, loin des feux de l’actualité, ce qui contribue à l’oubli de leur cause. Ils luttent pour la reconnaissance de leurs cultures, de leurs langues, de leur identité.
Ces combats ont pris plusieurs fois un tour violent. D’abord, bien sûr, au XIXe siècle, lorsqu’ils tentèrent de préserver leurs territoires. En particulier les Sioux, un des peuples les plus puissants d’Amérique du Nord, qui étaient entrés en contact avec les Européens dès 1660 par l’intermédiaire de trappeurs français. Ces derniers furent nombreux à prendre souche : cela explique le nombre élevé de patronymes français dont Leonard Peltier.
A partir de 1854, les Sioux entrèrent en conflit avec l’armée américaine et tentèrent d’enrayer la progression des colons. Pendant vingt-cinq ans, sous la conduite de chefs mythiques comme Sitting Bull, Red Cloud et Crazy Horse, ils tinrent la dragée haute à l’armée, lui infligeant la fameuse défaite de Little Big Horn, en 1876, au cours de laquelle le général Custer fut tué. Après la mort de Crazy Horse en 1877, la soumission définitive de Red Cloud et l’assassinat de Sitting Bull en 1890, le massacre de Wounded Knee en décembre de la même année mit fin à la résistance des Sioux.
Parqués dans des réserves dans les Etats du Dakota du Sud et du Nord, les Sioux connurent l’humiliation, la misère, l’acculturation et la dépossession. Mais l’esprit de résistance continuait de les habiter. En 1934, une nouvelle loi présentée comme plus favorable créa des « gouvernements tribaux » élus par les Indiens. En fait, ces « gouvernements » ne représentaient pas les véritables aspirations du peuple sioux. Dans les années 1950, de nombreux Indiens furent contraints de partir s’installer dans les villes. Surtout des jeunes qui s’inspirèrent de la contestation politique de cette époque (Black Panthers, Portoricains, chicanos, opposants à la guerre du Vietnam...) et créèrent, en 1968, leur propre mouvement revendicatif, l’American Indian Movement (AIM). Sur le modèle du mouvement des droits civiques des Noirs, l’AIM prit très vite un essor considérable.
Leonard Peltier rejoint très tôt le mouvement (1). Il s’engage dans des actions militantes, participe à la lutte contre l’alcoolisme, à la distribution de nourriture et d’aides, à la création de programmes d’autosuffisance, à la restauration des activités religieuses traditionnelles, et soutient la renaissance des langues autochtones.
L’AIM entend attirer l’attention sur les conditions de vie dramatiques des Indiens par des actions spectaculaires mais non violentes. Peltier participe en 1970 à l’occupation du Fort Lawton où il rencontre les principaux dirigeants du mouvement : Dennis Banks et Russel Means. En 1972, il organise la Marche des traités violés qui se termine par l’occupation du Bureau des affaires indiennes à Washington et rencontre un formidable retentissement médiatique. Désormais, l’AIM va être considéré par le FBI comme une organisation « subversive » et ses chefs comme des « ennemis ».
L’administration du président Richard Nixon met alors en place le programme de contre-espionnage interne Cointelpro pour infiltrer et déstabiliser les organisations dites « subversives », dont l’AIM. En novembre 1972, accusé d’agression contre des agents du FBI, Leonard Peltier est emprisonné cinq mois, avant d’être acquitté, car l’affaire a été montée de toutes pièces pour le compromettre. Déjà.
Parallèlement, le FBI favorise l’élection à la présidence du conseil tribal de Pine Ridge (la réserve emblématique des Sioux) de Richard « Dick » Wilson, un « collaborateur » élu avec moins de 20 % des inscrits... Celui-ci a pour mission de remettre de l’ordre dans cette réserve considérée comme le sanctuaire des « agitateurs ». Avec des fonds secrets, Wilson crée une milice, les Goon Squads (Guardians Of Oglala Nation). Pour protester contre les brutalités des Goon Squads, les Sioux, aidés par des militants de l’AIM, occupent en février 1973 le village historique de Wounded Knee. Leonard Peltier participe à l’occupation. Les autorités assiègent le village pendant trois mois, hésitant à donner l’assaut, mais tuant deux Sioux. En mai 1973, les assiégés se rendent après avoir exigé que des négociations s’ouvrent sur les traités violés et les conditions de vie des Indiens. Dans les mois qui suivent, Dick Wilson et ses Goons ont carte blanche pour s’en prendre aux opposants. Une vague de terreur s’abat sur Pine Ridge : 80 militants sont assassinés entre novembre 1973 et fin 1975... Face aux crimes des milices, les anciens appellent l’AIM à l’aide. Les militants, dont Leonard Peltier, interviennent et parviennent à ralentir fortement la répression des Goons. Ils s’établissent sur la propriété d’une famille amie, près du village d’Oglala, sur la réserve de Pine Ridge.
Un matin de juin 1975, la propriété se retrouve cernée par des Goons, des agents du FBI et une foule de policiers. Vers 11h30, deux agents fédéraux, Ronald William et Jack Cooler, pénètrent dans la propriété à la poursuite d’un jeune Sioux, Jimmy Eagle. A partir de cet instant, les témoignages sont confus : il semble que les agents aient tiré sur le véhicule conduit par Eagle. Croyant à une intervention des Goons, les militants ripostent. Les forces de police et les Goons passent à l’attaque. La fusillade éclate de tous côtés. Deux militants de l’AIM tentent de s’approcher de William et Cooler pour les désarmer. Ils les trouvent déjà morts...
Les membres de l’AIM décident de s’enfuir et, contre toute attente, y réussissent. Seul un jeune Sioux, Joe Suntz Killsright, sera abattu. Leonard Peltier a toujours affirmé être resté près de la maison et reconnaît avoir tiré mais n’avoir jamais visé William et Cooler.
A la suite de cette fusillade, une gigantesque campagne médiatique tente de criminaliser le mouvement indien. La répression s’abat sur toutes les réserves. Quatre mandats d’arrêt sont lancés contre Jimmy Eagle, Dino Butler, Bob Robideau et Leonard Peltier. Butler et Robideau sont arrêtés rapidement. Peltier, craignant pour sa vie, s’enfuit au Canada.
Butler et Robideau sont jugés dans l’Iowa. Un jury populaire les acquitte, provoquant la fureur des autorités qui concentrent alors leurs efforts contre Leonard Peltier, unique accusé du double meurtre et que le FBI parvient à faire extrader du Canada.
Son procès a lieu dans la ville de Fargo (Dakota du Nord), région d’éleveurs hostiles aux Indiens. Le jury est d’ailleurs entièrement composé de représentants de cette catégorie sociale. Une campagne de désinformation est lancée. On parle de menaces d’attentats ou d’attaques armées des militants de l’AIM pour libérer Peltier... Englués dans cette paranoïa générale, les membres du jury sont transportés en fourgons blindés et isolés dans des lieux sécurisés.
Le juge décide que tous les témoignages de la défense relatifs au climat de terreur de l’époque sont irrecevables, ainsi que tous ceux qui peuvent mettre en cause le FBI ou les Goons. Il ne veut pas qu’on reparle des éléments ayant permis l’acquittement de Butler et Robideau.
En revanche, il ne réfute pas les témoignages de certains agents qui prétendent avoir vu Peltier tirer avec un fusil AR 15 sur William et Cooler. Un autre agent affirme avoir identifié Peltier grâce à la lunette de son fusil. Les avocats de Peltier démontrent qu’il est impossible d’identifier quiconque de l’endroit où se trouvait cet agent. Le juge ne retient aucune objection de la défense. Et sur des bases totalement floues condamne Leonard Peltier, par deux fois, à la prison à vie. Peltier fait appel mais la cour confirme la sentence.



« Aucune preuve n’existe » :
En 1981, des documents nouveaux vont permettre de lancer une nouvelle série d’appels. Un expert confirme à la barre que le fusil AR 15 ayant servi à accuser Peltier ne peut être l’arme qui a tué les agents car les douilles ne correspondent pas.
Dans son jugement du 22 septembre 1986, la cour d’appel conclut que le rapport balistique fourni lors du procès était « suspect » et déclare que cette nouvelle preuve crée seulement la « possibilité » et non la « probabilité » que Peltier ait tué les agents et admet que ce fait « aurait pu changer le verdict du premier procès ». Mais confirme la sentence !
La Cour suprême, en 1987, refuse de se prononcer sur le cas. En 1993, la commission de libération sur parole refuse une demande de mise en liberté. Lors d’une nouvelle audience, en 1995, Peltier est défendu par Ramsey Clark, ancien ministre de la justice. le procureur Lynn Crook admet qu’« aucune preuve n’existe contre Leonard Peltier » ! Il ajoute que le gouvernement ne l’a « jamais réellement accusé de meurtre direct » et que, en cas de nouveau jugement, « la justice ne pourrait pas le recondamner ». Toutefois, le Conseil de liberté conditionnelle estime qu’il ne peut le libérer, car Peltier continue de clamer son innocence, ce qui n’est « pas compatible avec la décision du jury ».
Il ne reste que la grâce présidentielle. En 1996, M. William Clinton affirme : « Je n’oublierai pas Leonard », mais à la fin de l’année 2000, après l’élection de M. George W. Bush, il ne fait rien. M. Bush n’étant pas un ami des minorités indiennes, l’espoir de voir Leonard Peltier retrouver la liberté s’amenuise.
Les opinions publiques, avec le soutien du Congrès national des Indiens d’Amérique, le Conseil national des Eglises, Amnesty International, et des personnalités comme le sous-commandant Marcos, Nelson Mandela, Mgr Desmond Tutu, Rigoberta Menchu, le dalaï-lama, ainsi que des dizaines de milliers de citoyens à travers le monde, luttent pour la révision du procès (2). Car il apparaît de plus en plus que le véritable crime de Leonard Peltier - « United States Prisoner 89637-132 » ­ est d’être un Indien et d’avoir eu le tort de défendre les droits essentiels de ces peuples premiers avec lesquels l’Amérique n’a pas encore réglé sa dette historique (3). De nombreux ethnologues et amis des Indiens s’inscrivent dans ce combat (4), qui est celui de la dignité volée à un homme en raison de son engagement politique et de son origine ethnique.
Jean Marc Bertet. ( monde Diplomatique de 2002)



Liberté pour
Léonard Peltier
Président Bush. In the name of Justice ans Human Rights, I urge you to grant Executive Clemency to Native American Political Prisoner, Leonard Peltier.
Président Bush, au nom de la Justice et des Droits de l'Homme, je vous demande d'accorder une grâce présidentielle au prisonnier politique amérindien Léonard Peltier.
Respectfully yours,
Nom, adresse, pays, date
À envoyer au Président George Bush, The White House, 1600 Pennsylvania Ave, Washington DC 20500, USA, fax 001-202-456 2461, mail President@Whitehouse.gov


Voici un extrait du livre de Leonard Peltier :


Extrait :

" j'ai décidé que le temps était venu d'écrire, de mettre en mots mon testament personnel, non pas parce que j'ai l'intention de mourir, mais parce que j'ai l'intention de vivre. Ceci est la 23e année que je passe en prison pour un crime que je n'ai pas commis. J'ai un peu plus de cinquante-quatre ans aujourd'hui. Je suis donc ici depuis l'âge de 31 ans. .. L'espérance de vie d'un Indien étant de 45 ans aux Etats Unis, on m'a dit que je devrais vivre deux vies, plus 7 années pour voir le jour de ma libération, fixée en 2041. J'aurai alors 97 ans. Je ne crois pas que j'irais jusque là. Ma vie est une souffrance qui n'en finit pas. J'ai l'impression d'avoir passé cent vies en prison. C'est peut-être le cas. Mais je suis prêt à en passer des milliers d'autres pour le bien de mon peuple. Si mon emprisonnement ne faisait qu'informer un public ignorant des terribles conditions que les Indiens et les autres peuples autochtones connaissent encore dans le monde aujourd'hui, alors ma souffrance aurait et continuerait d'avoir un but "

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