mercredi 16 mai 2007

"Les hommes sont le radar et les femmes la boussole"



PAULO COELHO
Le côté féminin de la divinité
Par Manon GuilbertLe Journal de Montréal

PARIS — Il règne une certaine agitation. Pourtant, au Bristol de Paris, on a l’habitude de recevoir ceux dont le visage et l’œuvre sont reconnus partout sur la planète. Paulo Coelho, le plus célèbre des écrivains brésiliens, occupe une table à l’extrémité du bar du non moins célèbre hôtel.

La campagne médiatique de son nouveau roman, La Sorcière de Portobello, l’y amène et le mènera une nouvelle fois dans les grandes villes du monde. Il termine la session de photographie dans les jardins fleuris, sous le soleil radieux et chaud du mois de mai parisien. Paulo Coelho se prête avec souplesse à ces rencontres qui l’amènent loin de son épouse et des enfants qu’il aide par le biais de sa fondation.

Sur les Champs-Élysées, on annonce sur grande affiche les séances de signature qu’il effectuera au Virgin Mégstore. S’il écrit dans la solitude, Paulo Coelho n’en est pas moins un auteur qui aime la proximité de ses lecteurs. Rien ne le met plus en joie que de les rencontrer et de converser avec eux.


La jeunesse brésilienne

Sa notoriété et les millions d’euros qu’on lui remet conséquemment en droits d’auteur lui permettent par ailleurs de faire vivre une fondation qui réunit en son sein des adolescents brésiliens peu nantis et laissés pour compte par la société.«Cette fois, dit-il en me dévoilant la jolie page couverture de son nouveau roman, je me suis attardé au côté féminin de la divinité. Chez les femmes, elle a la matérialité de l’amour et de la compassion. Je le ressens beaucoup en vivant près de la nature.»
C’est en voyageant en Transylvanie et lors de la rencontre avec une jeune Autrichienne qu’il a eu l’idée de ce nouveau roman. Inconsciemment, la marque de cette fille qui l’avait amené dans une boîte de nuit et lui avait présenté des gens a fait son chemin dans son imagination de romancier. Elle a fait naître Athéna, sa protagoniste, mais aussi personnage de pure fiction, manifestation féminine de Dieu.


L’énergie féminine

«J’ai été éduqué par les jésuites, dit-il. Ils m’ont appris à maîtriser mes pulsions, à cacher mes sentiments. L’Énergie féminine m’a pourtant toujours inspiré. Je ne vois pas pourquoi il faudrait maîtriser l’amour et ses manifestations. Qu’est-ce que ça donne aujourd’hui sinon une foule de préjugés? Il faut développer notre énergie féminine. Autour de l’énergie de l’amour, on se connecte directement sur l’énergie de la déesse.
«Les hommes sont le radar et les femmes la boussole. Dans le premier cas, ils envoient des signes et guident les autres, dans le deuxième, on y va avec intuition. Je crois, dit-il gravement, que le changement se fera avec et par les femmes qui mettent de l’avant les qualités de compassion et d’amour dont le monde a profondément besoin.»
Paulo Coelho, avec tout le côté pacifique qu’on lui connaît, affirme que c’est là la seule révolution possible. À travers les idées du féminisme, les femmes, selon lui, ont voulu ressembler aux hommes et piétiner des coins du jardin. La vraie révolution, selon le romancier, serait que les hommes apprennent des femmes et écoutent les conseils que leur prodigue l’intuition.


L’écrivain

«Je déteste l’idée qu’on fasse de moi un maître à penser ou d’un sage. Je suis d’abord et avant tout un écrivain. J’essaie de prôner la non-violence, de marcher dans la bonne voie. Les lecteurs sont mes amis. Et je n’explique pas mon succès. C’est impossible. Rien dans mes romans n’est relié à la religion. C’est l’humain qui prime. Je parle aux Canadiens, aux Israéliens, aux Japonais et à tous les autres encore. Je pose des questions que tous se posent. Je ne donne pas de réponse.»
Paulo Coelho croit que l’amour est la seule solution et que le jour où on dira de plus en plus «je vous aime» nous rapprochera de la vérité. Il se défend d’être un prophète, mais interprète les signes. La nature féminine est une manifestation physique de Dieu. Il prie et vit, faisant que chacune de ses actions le rapproche de l’essentiel.
Une grande partie de ses droits d’auteur est réinvestie dans les favelas. Il retire de cette action une grande fierté. Avec sa femme, depuis 1996, ils ont fait de cet organisme un effort du quotidien qui transforme le destin de quelque 400 jeunes de 0 à 15ans. «Tout ça est obligatoire lorsqu’on en a la possibilité, conclut-il. Je ne peux pas changer mon pays, mais ça je le peux!»


La Sorcière de Portobello

Paulo Coelho

Flammarion (disponible le 24mai)

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