mercredi 30 mai 2007

2 botanistes anglaises hors du commun






























Exploratrices Intrépides : Marianne North, Margaret Mee
Oeuvres des collections des Royal Botanic Gardens, Kew


A notre panthéon des femmes voyageuses aux yeux bien ouverts ­ : Ella Maillart, Anne-Marie Schwarzenbach, Anita Conti ­, nous avons le plaisir d'ajouter deux nouvelles figures : Margaret Mee et Marianne North. Celles-ci ont en commun d'être des artistes botaniques anglaises, d'avoir fréquenté des environnements plus ou moins hostiles d'où elles ont rapporté de jolis dessins, et d'être inconnues en France. Elles auraient pu le rester si Kristina Didouan, directrice des programmes de la Fondation Mona Bismarck, n'avait passé quelques années au Brésil.

«Eco-danseurs».

Là-bas, Kristina Didouan a découvert l'oeuvre de Margaret Ursula Mee (1909-1988), native du comté de Buckingham , qui a parcouru l'Amazonie pendant trente ans, rapportant des plantes, mais également 400 gouaches, 40 carnets de croquis, 15 carnets de voyage et l'envie de se battre contre la déforestation. Son oeuvre est fameuse au Brésil, où une fondation prolonge son oeuvre. Honneur suprême, une école de samba de Rio lui a consacré en 1996 un défilé avec 3 000 «éco-danseurs». Faisant d'une pierre deux coups, la Fondation Bismarck a choisi d'évoquer simultanément la figure de Marianne North (1830-1890), autre exploratrice britannique qui a sillonné la planète, de l'Inde au Canada et du Japon au Chili, toujours en quête de plantes, levant près d'un millier de dessins à l'huile.
Il n'y a guère, en ce bas monde, de vision plus rassérénante que celle d'une Anglaise attifée en aventurière, surprise à faire des croquis dans la jungle. C'est déjà une raison de visiter cette expo.


Intrépides (du latin intrepidus : «qui ne tremble pas»), Mee et North le furent : la première en fréquentant l'Amazonie tant d'années, la seconde en parcourant seule la planète en un temps où le chemin de fer était encore une nouveauté. L'une et l'autre ont commencé leur oeuvre à la quarantaine. Présenter leur travail a été rendu possible grâce aux collections des Royal Botanics Gardens de Kew (Londres). Pour Margaret Mee, ce fut simple : l'institution botanique britannique a tiré une exposition d'une cinquantaine de ses gouaches, déjà présentées aux Etats-Unis. C'est celle que la Fondation Mona Bismarck accueille, avec photos, carnets de croquis et présentation de son matériel.


Pour Marianne North, ce fut plus compliqué : en 1879, la riche exploratrice fit construire dans les jardins de Kew un pavillon pour y exposer son travail, avec consigne de ne rien déplacer ni prêter. Il faut donc prendre l'Eurostar pour aller admirer cette singulière galerie, riche de 832 peintures accrochées à touche-touche. Kew possède aussi une centaine d'oeuvres non exposées, surtout des paysages : ce sont elles qu'on peut voir à Paris.
Les dessins de Margaret Mee sont à la fois précis et poétiques. Brinsley Burbidge, directeur du St Croix Botanical Garden (aux îles Vierges) en dit : «Les scientifiques et les jardiniers aiment ses peintures comme ils aimeraient le portrait d'un vieil ami . » Ruth Stiff, commissaire de l'exposition pour les Royal Botanic Gardens de Kew, est plus circonstanciée : «Mee avait l'étonnant pouvoir de saisir la texture papyracée et l'enroulement distinctif d'une feuille, de décrire la façon dont les fleurs tombent en cascade le long des rayures de chaque côté de la nervure centrale d'une feuille.» L'artiste anglaise montre à quel point le dessin, même au XXe siècle, reste un vecteur plus puissant que la photographie pour faire vivre une fleur.


Valeur documentaire.

Le trait de Marianne North, née d'une famille aisée du Norfolk, est plus impressionniste. Sa série de paysages, réalisée sur tous les continents en dix ans (1871-1881), fait penser à Perec et à son personnage Bartlebooth dans la Vie, mode d'emploi (après dix ans d'initiation à l'aquarelle, le riche Bartlebooth parcourt le monde pendant vingt ans pour peindre 500 ports de mer, tableaux plus tard transformés en puzzles). C'est un travail moins scientifique que celui de Mee, mais avec une belle valeur documentaire. A la fin de sa vie, retirée dans un village des Cotswolds, Marianne North livrera dans ses mémoires cette parole d'experte : «Il n'y a pas de vie plus charmante qu'une vie dans la campagne anglaise.»

Informations Complémentaires : Entrée libre - Du mardi au samedi de 10h30 à 18h30 - Mona Bismarck Foundation, 34 avenue de New York, 75016 Paris - Renseignements : 01.47.23.38.88Lieu : Mona Bismarck Foundation - ParisEn savoir plus sur le site : Mona Bismarck Foundation

Illustrations :

de haut en bas : Margaret Mee puis Marianne North

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Magnifiques Anglaises.. Cette petite dose d'excentricité qui fait la différence entre nos cousins British et nous pauvres Latins...