mardi 29 mai 2007

Lettres de Giono


Un livre à savourer avec gourmandise à l'entrée de l'été :

Giono, sa page blanche :

C’est une histoire d’amour, une des plus belles qui soient, une des plus secrètes aussi, et qui jette un éclairage nouveau sur un écrivain majeur du XXe siècle.
S’il est de notoriété publique que Picasso eut sa Dora Maar et Rodin sa Camille Claudel, on ignore que Giono se consuma pour une muse, à qui il doit sa seconde et flamboyante époque, qu’il inaugure en 1940 et nous vaudra « Le Hussard sur le toit », « Pour saluer Melville » et bien d’autres titres, jusqu’à l’ultime, où l’aimée incarne l’Absente de « L’Iris de Suse ». Car absente, Blanche Meyer le fut toujours officiellement, comme la Consuelo de Saint-Exupéry, l’une comme l’autre absorbées par l’ombre que projetaient sur elles ces hommes de grande amplitude. Mais reprenons l’histoire à son début : dans les années 30, Blanche Meyer, femme du notaire de Manosque, s’ennuie dans sa grande maison de la place du Terreau. Au lieu de bovaryser, elle va se distraire à Paris. Plus tard, à Manosque, elle rencontre un jeune auteur qui a déjà quelques romans derrière lui. Longues promenades dans la montagne. Effleurements. Elle est belle, intrépide, mais prude. Elle résistera longtemps à Giono, marié à Elise, fou de Blanche, mais peu entreprenant. Amours platoniques et clandestines jusqu’à ce qu’elle lui cède, à Vence, le 20 juin 1939. L’oeuvre de l’écrivain bascule alors dans une manière stendhalienne, où tous ses personnages féminins auront désormais les traits de Blanche, ses yeux verts et « son visage en fer de lance ». Absente dans la vie de Giono, elle est omniprésente dans ses romans. Annick Stevenson conduit son enquête avec une habileté et une empathie confondantes, s’appuyant avec à-propos sur un manuscrit inédit de Blanche qui dit tout. Les milliers de lettres que l’écrivain lui envoya pendant trente-cinq ans auraient pu faire écho à ces confidences. Le pas de deux, enfin, des amants posthumement réunis. Elles sont hélas enfermées à l’université de Yale. Interdites de diffusion par la succession Giono.
« Blanche Meyer et Jean Giono », d’Annick Stevenson (Actes Sud, 249 p.).
Gérard Pussey, le 21 Mai 2007


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