Extrait :
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Qui tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Egypte
Sa sœur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique ....
" Le mal aimé" de Guillaume Apollinaire
Léo Ferré :
"Tout ce "mal aimé" - moi - mes tonnes de papier à quarante portées biennoires. Quarante portées à chemins de croix, avec parfois, quelques sta-tions à cigarettes. Un an plié, sous la manus de ce Guillaume. Un an de mal au dos, de mal aux yeux et à l'imaginaire. Un an de devoirs, de rigueurs, dans la fumée de poële fumeur. J'ai pris le paquet et je suis parti, en haut de cette Grande Armée, puis descendant sur Friedland, à la Radio. Assis dans le couloir, dans ce printemps qui pue le papier carbone et le mégot public. Assis, troublé, avec mes ailes de componist "parisien" et mes exer-cices d'orchestre sous le bras, les cors gueulant, ouverts, contre les flics de flûtes et des violons assassinés, en bonne tenue, sous l'oeil proche du Comité.
On m'a fait entrer chez les termites. Gilson ressemblait à une armoire à transformation. Dehors il poëtait, dedans il recevait. A noter qu'il faisait partie du jury du Prix Apollinaire. Vous voyez le topo ? Il usait du téléphone intérieur et de la pierre ponce. Il était propre, comme un prêteur romain, et affable, et dolcissimo. Il était parfait, ce type.
Il a fait descendre un vieillard :- Dites-moi, Cher, voici Ferré. Il faudra faire le nécessaire auprès du Comité.Vous comprenez, Ferré, je ne peux pas prendre ça sur moi.
- Et qui c'est ce Comité ?Alors le vieillard me dit :- Mais c'est la musique, Monsieur !Moi qui avais cru entendre Gilson :- Comment ? Le Mal Aimé ? Je suis preneur, cela va de soi.J'aime terrible ! Garçon, un Apollinaire !" Un soir de demi-brume à Londres" Un voyou qui ressemblait à" Mon amour vint à ma rencontre" Et le regard qu'il me jeta" Me fit baisser les yeux de honte"
- Et qui c'est ce Comité ?Alors le vieillard me dit :- Mais c'est la musique, Monsieur !Moi qui avais cru entendre Gilson :- Comment ? Le Mal Aimé ? Je suis preneur, cela va de soi.J'aime terrible ! Garçon, un Apollinaire !" Un soir de demi-brume à Londres" Un voyou qui ressemblait à" Mon amour vint à ma rencontre" Et le regard qu'il me jeta" Me fit baisser les yeux de honte"
Pas voyou le Gilsonius, pas voyou du tout ...Dans la rue je rejoignais Apollinaire qui n'avait pas voulu monter. On garda mon manuscrit six mois, juste le temps de le refuser et de me le rendre.Je fus mon propre Comité de lecture. On doit pouvoir retrouver facilement le nom des musiciens "connus" qui firent partie de ce Comité de la Musique à la RadioFrançaise de mars 1953 à octobre de la même année.Les musiciens qui se font jouer à la radio et qui jugent leurs confrères, à l'occasion, tout comme les critiques littéraires qui jugent les romans des autres et qui en écrivent eux-mêmes sont des gens particulièrement dégueulasses (du verbe : " dégueuler ").
IL Y A VINGT ANS QUE JE N'ECRIS PAS DE MUSIQUE.
"La Chanson du Mal Aimé" vu par Gilbert Sigaux dans son livre "Léo Ferré " aux éditions de l'Heure :
"C'est une oeuvre éclatante, émouvante, d'une étoffe somptueuse. Création plus savante que populaire, le poème d'Apollinaire, dans sa limpidité apparente, rassemble des inspirations multiples et fait se succéder des flots de souvenirs. Léo Ferré n'avait pas à illustrer ou à parer des textes, comme il l'a fait pour les Fleurs du Mal, mais à rejoindre un univers baroque. Il y a admirablement réussi."
(Le dessin représentant Apollinaire est de Léo)
IL Y A VINGT ANS QUE JE N'ECRIS PAS DE MUSIQUE.
"La Chanson du Mal Aimé" vu par Gilbert Sigaux dans son livre "Léo Ferré " aux éditions de l'Heure :
"C'est une oeuvre éclatante, émouvante, d'une étoffe somptueuse. Création plus savante que populaire, le poème d'Apollinaire, dans sa limpidité apparente, rassemble des inspirations multiples et fait se succéder des flots de souvenirs. Léo Ferré n'avait pas à illustrer ou à parer des textes, comme il l'a fait pour les Fleurs du Mal, mais à rejoindre un univers baroque. Il y a admirablement réussi."
(Le dessin représentant Apollinaire est de Léo)
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