jeudi 17 mai 2007

Expo " Rodin , le rêve japonais "








" Le baiser" de Rodin est l'une des plus belles et émouvantes oeuvres qu'il m'ait été donné de voir ! C'est d'une sensualité et d'une pureté incroyables !


Elle s'appelait Hanako. Ancienne geisha devenue danseuse, elle se produisait sur les scènes européennes lorsque Rodin la découvrit en 1906. De cette rencontre, ont jailli des dizaines de sculptures et de dessins, exposées à compter de mercredi au Musée Rodin.

Fasciné par la puissance des expressions d'agonie de la jeune Japonaise interprétant un hara-kiri à la fin d'une pièce, le sculpteur réussit à la convaincre de devenir son modèle. Les séances de pose qui permirent d'aboutir à la "Tête d'angoisse de la mort" sont éprouvantes.
"A l'aide d'un miroir, je travaillais l'expression de mon regard avant de poser mais monsieur Rodin n'était jamais satisfait, même lorsque je pensais avoir trouvé cette expression d'agonie qu'il recherchait", racontera la danseuse vingt ans plus tard.

L'exposition "Rodin, le rêve japonais", qui se tient jusqu'au 9 septembre, présente ainsi 26 têtes et masques d'Hanako, en terre, en plâtre et en bronze, certaines vibrantes d'émotion dramatique, d'autres emplies d'expressions rêveuses.

Hanako pose pour Rodin jusqu'en 1912. Il se plait à la dessiner nue. "Elle n'a point du tout de graisse. Ses muscles sont découpés et saillants comme ceux des petits chiens qu'on nomme fox-terriers (...) Elle est tellement robuste qu'elle peut rester aussi longtemps qu'elle le veut sur une seule jambe en levant l'autre devant elle à angle droit", souligne, admiratif, le sculpteur qui la saisit au vol dans ses danses et ses équilibres.


L'exposition donne aussi à voir plusieurs pièces de Rodin en grès. Séduit par cette technique de céramique très utilisée au Japon, le sculpteur fait traduire en grès certaines de ses oeuvres dont la "Tête de Balzac".


Les "dessins japonais" de Rodin sont également présentés. Illustrant le "Jardin des supplices" d'Octave Mirbeau, cette série réalisée en 1899 se veut comme une suite d'"instantanés variant entre le grec et le japonais", selon la définition qu'en donne Rodin. Le dessin dit japonais ne l'est ni dans ses motifs ni dans sa technique. Mais, minimal et épuré, il cherche à saisir la ligne juste.
"Entre Rodin et le Japon, il y a comme un chemin commun plus qu'une influence", considère Bénédicte Garnier, l'un des commissaires de l'exposition. L'artiste a baigné dans le japonisme, très en vogue en Europe dans la seconde moitié du XIXème siècle mais il ne le pratique pas.
Grand collectionneur d'antiquités égyptiennes, grecques et romaines, Rodin se met également à acheter, sur le tard, des estampes anciennes, des pochoirs, des masques et des vases japonais que l'on peut voir dans le cadre de l'exposition.


A découvrir également, les belles estampes (école de Hokusai) provenant d'un don d'étudiants japonais de la revue littéraire Shirakaba, très admiratifs du sculpteur français, en 1911.
Musée Rodin. 79, rue de Varenne - Paris 7e. M° Varenne
Ouverture du mardi au dimanche, de 9 h 30 à 17 h 45. Tarif réduit : 4 €
Du : mercredi 16 mai 2007 ..... Au : dimanche 9 septembre 2007

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