jeudi 17 mai 2007

La déco s'érotise








Déco : 2007, année érotique ?

Après les sex toys, les corsets et les porte-jarretelles signés Sonia Rykiel ou Chantal Thomass, l'érotisme inspire les designers. Un air de provocation mais sans vulgarité et souvent avec beaucoup d'humour. La marque d'électroménager Vedette a par exemple récemment proposé à Chantal Thomass d'habiller l'une de ses machines à laver de rose capitonné et de dentelles noires (Le Monde du 5 avril)...

On ose désormais relooker une pièce en espace réservé aux plaisirs et aux voluptés du corps. La styliste Pascale Risbourg a su attendre le moment opportun pour proposer son papier peint. "Il y a plusieurs années, en découvrant le Musée de la toile de Jouy, à Jouy-en-Josas (Yvelines), je me suis demandé pourquoi ces personnages qui animent ces tissus n'auraient pas une vie sexuelle, raconte-t-elle. J'ai fait quelques dessins que j'ai rangés dans un tiroir. Il y a deux ans, j'ai compris qu'il était temps de les ressortir : non seulement la toile de Jouy était réhabilitée, mais le sexe sortait du ghetto des boutiques de Pigalle."


MESSAGE POUR CÉLIBATAIRES
La justesse de son intuition s'est confirmée avec le succès de ses lés de papier peint, qu'elle propose en bleu ou rose pâle. "J'ai aussi soigné l'emballage, car je voulais qu'on puisse l'offrir", ajoute-t-elle. Des rouleaux qui, constate-t-on à la boutique parisienne Fleux, se vendent bien. Car il faut s'approcher pour découvrir les scènes coquines. "Nombreux sont nos clients qui passent devant en croyant que c'est une toile de Jouy traditionnelle", précise le vendeur.
Ce papier est rarement acheté pour tapisser une pièce entière. La tendance veut qu'on en recouvre un paravent, une tête de lit ou juste un pan de mur. Pascale Risbourg a aussi lancé des coussins en toile de Jouy, des draps et des sacs de voyage. Un message pour les célibataires en goguette... Elle a créé le coussin des désirs ou des messages ; une manipulation sur le tissu permet à la belle d'indiquer ses desiderata : "Je veux des câlins" ou "Tu me laisses dormir"...

Tout aussi chargés de sens, les papiers peints distribués par le magasin Nuits blanches ont néanmoins une tonalité plus moderne grâce à leur graphisme japonisant. Ils se déclinent en trois couleurs.
Les lampes de l'artiste Hervé Matejewski, dont les abat-jour reproduisent des scènes du Kama-sutra, offrent une lumière tamisée et sensuelle. Ceux en plumes de coq sont inspirés du french cancan ou de "vieilles dames indignes". Hervé Matejewski s'amuse. "Créer doit être avant tout un plaisir", affirme-t-il. Mais attention, précise-t-il, toujours dans la suggestion, jamais dans le pornographique. "Ma série d'assiettes est décorée à partir de gravures de Fragonard. J'ai simplement relevé quelques jupes aux belles ou ajouté des bottes en latex à certains courtisans...", avertit-il. Avec une bonne dose d'humour, il a produit des housses de couette avec une photo d'homme nu. "N'est-il pas plaisant, les soirs où l'on est seul dans son lit, de s'entortiller avec un bel homme ?", demande-t-il.


Pour sa vaisselle, Luke Morgan met en scène le talon aiguille dans un parti pris fétichiste. L'Allemande Ilse Ruppert, quant à elle, joue sur le thème de Barbie et Ken version adulte, avec une série de coussins.


Très en vogue, les stickers ne pouvaient pas être absents de cette nouvelle tendance. Exquise Esquisse propose des frises de fines dentelles noires ou blanches, dans le style des sous-vêtements féminins, qu'on pourrait coller sur une commode aux tiroirs bombés. En revanche, les stickers représentant des petites culottes, vendus par Ugly, n'ont pas attiré : "Trop osé", selon le vendeur. Les clients préfèrent suggérer une ambiance érotique, par petites touches. Pour beaucoup, trop de meubles ou d'objets explicites nuisent au charme libertin.
Les carreaux de faïence d'Yvan Mispelaere baptisés "Peep show" ne représentent en réalité que de simples yeux aux longs cils (en noir et blanc). Mais, lors de la toilette quotidienne, ils mettent la nudité sous le regard des murs.


TROUS DE SERRURE
Cette évocation du voyeur se retrouve sur les toiles inspirées des gravures de Piero Fornasetti et représentant des trous de serrure. Elles tapissent des fauteuils médaillons ou des chaises. L'amateur pourra aussi choisir un visage dont la langue semble attendre un baiser torride. Barnaba Fornasetti, héritier de son père, invite chacun à poser son postérieur sur une belle paire de fesses sérigraphiée qui recouvre un tabouret.
Les messieurs apprécieront sans aucun doute de se lover contre le corps d'une femme plantureuse à la poitrine généreuse, avec le fauteuil du designer Gaetano Pesce. Les dames, elles, aimeront s'allonger sur un canapé en forme de corps d'homme, exposé au Salon du meuble de Milan, fin avril. Sans oublier le canapé du visionnaire Dali, inspiré par la bouche sensuelle de Mae West, régulièrement réédité, ou, de création plus récente, le guéridon en bois précieux intitulé "Jambes" du designer Pucci di Rossi (1990).
Cécile Urbain ( Le Monde)


L'Eclaireur, 8, rue Boissy-d'Anglas, 75008 Paris. www.leclaireur.com.
Exquise Esquisse, liste des points de vente : www.exquise-esquisse.com.
Fleux, 39, rue Sainte-Croix-de-la- Bretonnerie, 75004 Paris. www.fleux.com.
Ugly Home, 108, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. www.ugly-home.com.
Nuits blanches, 16, rue des Tournelles, 75004 Paris.

1 commentaire:

lys tendresse a dit…

on a vraiment envie de s'installer entre les jambes du fauteuil...
très sympathique article !