mardi 16 janvier 2007

L'extrême maigreur des mannequins :le débat continue !


Nous pouvions lire en 2006 :

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En Espagne, tout mannequin pesant moins de 56 kilos pour 1,75 mètre peut aller «se rhabiller» ou «se remplumer» faute de pouvoir défiler. La semaine dernière le gouvernement madrilène a recalé cinq des soixante-huit mannequins espagnoles et étrangères en lice pour présenter les 27 défilés du grand rendez-vous de la haute-couture, la Pasarela Cibeles.
Les expressions peu élogieuses ne manquent pas telles que «allumettes», «planches à pain» «plumes» ou «brindilles» pour désigner des silhouettes qui, pourtant, font rêver des adolescentes. La mesure, inédite dans un salon international de haute-couture, déclenche une vive une vive polémique : la ministre britannique de la Culture, Tessa Jowell, salue cette initiative. La mairesse de Milan, Letizia Moratti, également, tandis qu’à Paris et à New York, les professionnels de la mode lèvent le bouclier contre une interdiction jugée «discriminatoire».
Samedi dernier, chaque top model en lice pour le défilé a dû monter sur la balance. Cinq ont été recalées. Une revanche des rondes ? Non. Une réponse sanitaire à un fléau qui touche de plus en plus de jeunes filles. Les mannequins ont été estimées «trop maigres», non pas selon des critères esthétiques mais d’après les critères de l’OMS qui estime que, en-dessous du seuil minimal de l’indice de masse corporelle (IMC)*, le sujet est véritablement en danger physique et psychique. Le respect de cette norme, inédite dans un défilé de haute-couture, a été contrôlé par les médecins bénévoles recrutés, pour l’occasion, par la Société espagnole d’endocrinologie et de nutrition (SEEN).
«La mode est un miroir», reconnaît Concah Guerra, du gouvernement local madrilène. Or, comme le fait remarquer Sylvie Fabrégon, responsable du département Plus (consacré aux «rondes») de l’agence de mannequins Contrebande, «maigreur reste synonyme d’élégance». L’équation représente une menace pour les adolescentes cherchant à s’identifier aux icônes de la mode. Les filles de 15 à 20 ans dans les sociétés occidentales ne disposent que d’une image très formatée de l’idéal féminin : «La population jeune d’aujourd’hui n’a vu que des maigres à la une des magazines, sur les affiches à l’arrêt des bus, dans le métro», souligne l’endocrinologue Annie Lacuisse-Chabot.
L’anorexie est un véritable fléau qui touche de plus en plus d’adolescentes soumises à des régimes déséquilibrés : la personne «subsiste aux dépens de ses propres tissus, consommant les réserves graisseuses puis la masse musculaire, jusqu’aux viscères», explique l’endocrinologue et s’expose ainsi à des problèmes physiologiques et psychiques allant de «la moindre résistance au stress, à la dépression puis au suicide».


«L'essentiel est dans l’harmonie générale»:


La polémique monte. Les professionnels de la mode réagissent dans les différentes capitales de la mode. En Italie, la mairesse de Milan, où les défilés débutent dans une semaine, a exprimé le souhait que les mannequins trop filiformes soient écartés des défilés. Au Royaume-Uni, la ministre britannique de la Culture Tessa Jowell a exhorté les organisateurs de la Fashion week à Londres («semaine de la mode») à se ranger aux côtés de l’Espagne et à écarter des podiums les mannequins trop maigres. Le Conseil de la mode britannique (BFC), organisateur de la manifestation, a quant à lui répliqué en disant qu’il ne pouvait toutefois pas imposer aux créateurs la manière d’organiser la présentation de leurs collections.
New York crie au scandale. «Je comprends qu’ils souhaitent mettre l’accent sur des filles belles et en bonne santé, mais qu’en est-il des discriminations contre les mannequins ? Qu’en est-il de la liberté du créateur ?», déclare la directrice de l’agence de mannequins Elite, Outre-Atlantique. «Pas question de bannir ces femmes des podiums, ce serait la même chose qu’interdire quelqu’un parce qu’il est trop gros», a protesté le président du conseil des créateurs de mode d’Amérique (CFDA), à l’origine de la semaine de la mode à New York.A Paris, l’initiative madrilène suscite également des réactions. Sous-couvert d’anonymat, un créateur s’insurge en disant : «le poids n’a rien à voir. On regarde une fille dans son ensemble, on ne regarde jamais le poids, l’essentiel est dans l’harmonie générale». Dominique Sirop, créateur de mode, déclare, lui, ne pas être séduit par les mannequins «qui s’aspirent de l’intérieur». Quant à l’attitude à adopter : Sylvie Fabrégon estime qu’«écarter les tops models maigres des podiums ne changera rien, et [que] c’est les priver de leur gagne-pain. Il faudrait que, dans les magazines, on ose dire ‘regardez comme c’est moche’, plutôt que d’inciter à perdre 3 à 5 kilos avant l’été». «La mode ne se réglemente pas. Si une mesure similaire était prise en France, tout le monde rigolerait», déclare pour sa part le président de la Fédération française de la couture, Didier Grumbach.
par Dominique Raizon
Article publié le 19/09/2006 Dernière mise à jour le 19/09/2006 à 18:53 TU
(* ) L’indice de masse corporelle est le résultat d’un calcul obtenu entre le poids et la taille. Il permet d’évaluer une corpulence et les risques qu’elle représente pour la santé. IMC = Poids en Kg/ (Taille en m)²"


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La polémique sur la maigreur des mannequins, aussi vieille que le métier lui-même, rebondit. Et ce sont les maires des grandes villes de mode qui aujourd'hui veulent mettre fin à cette tendance. "Ne plus voir dans les défilés milanais de top-modèles anorexiques", demande Letizia Moratti, la maire de Milan, dont la ville deviendra pour quelques jours, à partir du 24 septembre, la capitale de la mode où les top-modèles devraient donc être plus en chair. "Madrid l'a demandé, Milan répond, c'est une erreur d'offrir au public des mannequins maladifs", a-t-elle ajouté dans une interview au quotidien milanais Corriere della Sera. Et de rappeler que c'est en effet à Madrid que, pour la première fois, les mannequins ont dû indiquer préalablement leur indice de masse corporelle (le poids en kilos, divisé par le carré de la taille en mètres) pour avoir le droit de défiler. Seules celles dont l'indice était supérieur à 18 ont pu le faire (la bonne moyenne se situe entre 18,5 et 25). "Après Madrid, Milan. Après une ville sans importance sur l'échiquier de la mode, un des épicentres. La chasse aux mannequins trop maigres prend de l'ampleur", souligne Le Temps de Genève, qui ajoute qu'"il sera plus difficile d'appliquer ces normes à Milan qu'à Madrid, dans la mesure où ce sont les autorités madrilènes, contrairement aux autorités milanaises, qui subventionnent les défilés". Selon les critères de l'OMS, une jeune femme qui mesure 1,75 m ne devrait pas peser moins de 55 kilos. Or "si nous appliquons ce critère, 80 % des mannequins n'auront plus le droit de défiler", estime dans une interview au quotidien International Herald Tribune Riccardo Gray, responsable d'une agence milanaise de mannequins en désaccord avec la décision de Letizia Moratti. "Le look affamé est démodé", précise quant à lui Mario Boselli, président de la chambre italienne de la mode, qui a constaté que depuis deux ans, hommes et femmes dans les défilés étaient plus ronds. "Propos que contredit l'apparition sur le marché de vêtements de tailles de plus en plus menues", souligne Le Temps. "Nous n'avons pas besoin de légiférer sur le sujet mais de faire confiance au bon sens des agences", a-t-il ajouté. Pour les experts médicaux, il ne fait aucun doute qu'il existe une corrélation entre les désordres alimentaires et les standards de beauté présentés dans les défilés. "Dans la société actuelle, les jeunes filles croient que la taille américaine de vêtements 10 (taille 40 en France) signifie obésité. Il y a vraiment quelque chose qui ne fonctionne plus", regrette Tiziana Maiolo, conseillère municipale de Milan. Au Royaume-Uni, si un appel de la part des spécialistes du poids et de l'alimentation soutenu par Tessa Jewell, la ministre des Femmes du gouvernement Blair, a été lancé pour suivre la voie de Madrid, il y a peu de chances qu'il soit entendu. Le British Fashion Council (BFC), qui organise deux fois par an la semaine de la mode londonienne, a en effet fait savoir qu'"il n'avait pas l'intention d'imposer des limites aux créateurs britanniques", déplore le quotidien The Independent. "Mes patientes ont un modèle en tête, c'est Victoria Beckam, qui est si maigre que l'on voit ses côtes", note le docteur Dee Dawson, responsable d'une clinique spécialisée dans les désordres alimentaires du nord de Londres. Le combat est loin d'être gagné, en effet, "la rédactrice en chef du magazine britannique Marie Claire a essayé en vain d'introduire dans ses pages des mannequins légèrement plus enveloppés", rapporte le quotidien londonien. Que pensez-vous qu'il advint ? "Elle vient d'être licenciée de son poste. !!!!!!!"
anne Collet

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En 2007 :


En Espagne, finies les crevettes des podiums. Les organisateurs des défilés de mode de février ont décidé d'écarter à nouveau les mannequins trop maigres, relançant la polémique sur l'anorexie dans ce milieu.
En septembre dernier, Madrid avait déjà jeté un pavé dans la mare en interdisant les défilés aux mannequins dont l'indice de masse corporelle est en dessous de 18, soit environ 56 kg pour 1,75 m, selon les critères de l'Organisation mondiale de la santé. En renouvelant cette décision, les autorités espagnoles en font une question d'éthique. Et la mort, en novembre dernier, d'Ana Carolina Reston, mannequin brésilienne décédée d'anorexie, les a confortées dans leur décision. L'hebdomadaire britannique The Observer revient cette semaine sur la descente aux enfers de cette fille de 21 ans, mesurant 1,74 m pour 40 kg, et qui n'avalait que des pommes et des tomates. Pour une journaliste qui l'avait rencontrée fin 2004, « à l'époque déjà, les autres filles, les agences, tout le monde savait qu'elle était malade. Ils mentent quand ils disent qu'ils n'ont rien vu », assure-t-elle. Reste que cette décision n'a pas encore fait boule de neige. Les capitales de la mode comme Paris ou New York ne semblant pas encore prêtes à prendre de telles dispositions.
A. L. G.
La ministre italienne des Sports et de la Jeunesse, Giovanna Melandri, a annoncé qu'elle souhaite mettre au point un « code éthique » pour juguler l'anorexie chez les mannequins. Selon elle, il serait souhaitable de « proposer aux jeunes filles des modèles plus rassurants comme celui de l'actrice Monica Bellucci ».

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La mode américaine s'attaque aux mannequins trop maigres :


A trois semaines du début de la présentation des collections d'automne-hiver, le 2 février à New York, les professionnels américains de la mode publient des recommandations destinées à tourner la page des mannequins anorexiques, boulimiques ou fumant comme des pompiers.Le code de conduite non contraignant publié vendredi par le Council of Fashion Designers of America conseille notamment de ne pas faire défiler des mannequins de moins de 16 ans et de ne pas faire travailler ceux de moins de 18 ans après minuit ; d'enseigner aux acteurs du secteur à reconnaître les signes précoces de désordres alimentaires ; d'exiger des mannequins souffrant d'un désordre alimentaire qu'ils se fassent aider et de ne continuer à les employer qu'avec un certificat d'aptitude du professionnel qui les suit ; de développer les ateliers de sensibilisation aux causes et effets des désordres alimentaires et d'informer sur les effets du tabac sur la santé ; de fournir des repas et collations équilibrés pendant les défilés et d'interdire tabac et alcool.

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