Julos Beaucarne :
lettre qu'il écrivit dans la nuit du 2 au 3 février 1975 aprés l'assassinat de sa femme par un homme devenu fou !
Amis bien aimés
Ma Loulou est partie pour le pays de l'envers du décor , un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douce .
C'est la société qui est malade , il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre par l'amour et l'amitié et la persuasion .
C'est l'histoire de mon petit amour à moi , arrêtée sur le seuil de ses trente-trois ans .
Ne perdons pas courage , ni vous ni moi .
Je vais continuer ma vie et mes voyages , avec ce poids à porter en plus et nos deux chéris qui lui ressemblent .
Sans vous commander , je vous demande d'aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches , le monde est une triste boutique , les coeurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir
il faut reboiser l'âme humaine.
Je resterai sur le pont , je resterai un jardinier , je cultiverai mes plantes de langage , à travers mes dires vous retrouverez ma bien-aimée , il n'est de vrai que l'amitié et l'amour .
Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses , on doit manger chacun dit-on un sac de charbon pour aller en paradis ;
Ah comme j'aimerais qu'il y ait un paradis , comme ce serait doux les retrouvailles.
En attendant , à vous autres mes amis de l'ici bas , face à ce qui m'arrive , je prends la liberté , moi qui ne suis qu'un histrion , qu'un batteur de planches , qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent.
Je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui:
Je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers
je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers.
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