Faut-il rendre les objets volés au cours des siècles par les armées d'occupation ? Personnellement, je ne me sens pas vraiment coupable de ce qu'ont fait mes ancêtres mais je vote oui ! Cela ne me dérangerait nullement d'admirer des copies !
"Peu de Français connaissent l'expédition punitive menée par les troupes françaises et britanniques à Pékin en 1860, au cours de laquelle Yuanmingyuan, le Palais d'été de la famille impériale, fut mis à sac et pillé. Ce haut fait d'armes ne figure pas dans les livres d'histoire français (on lira avec bonheur la lettre de protestation de Victor Hugo à ce sujet), mais il reste un repère important dans les rapports des Chinois au monde extérieur.
Le milliardaire Stanley Ho, roi des casinos de Macao, ne s'y est pas trompé, qui vient de débourser 69 millions de dollars de Hongkong (6,3 millions d'euros) pour accomplir ce qui a été salué par Pékin comme un "geste patriotique". Il a racheté, à ce prix record, une magnifique tête de bronze provenant du pillage de Yuanmingyuan, et qui devait être mise en vente aux enchères chez Sotheby's à Hongkong. Stanley Ho, dont la fortune est estimée à 7 milliards de dollars US, a obtenu de Sotheby's que les enchères soient annulées en raison de son intention d'offrir cette pièce exceptionnelle à "la mère patrie", selon la formule du China Daily de Pékin.
Récupérer les oeuvres pillées :
Le geste de Stanley Ho, un des tycoons de la diaspora dont la fortune dépend largement de ses bonnes relations avec Pékin, rejoint ainsi la vague patriotique qui, depuis des années, concerne les oeuvres d'art pillées au XIX° siècle, lors de cette confrontation frontale entre l'empire chinois et le monde occidental. Stanley Ho lui-même avait déjà participé à ce rachat ds oeuvrs "égarées" en déboursant plus de 700000 dollars US en 2003 pour une tête de cochon en bronze.
A Pékin, le groupe Poly, dont la puissance financière provient de l'industrie de l'armement, avant de devenir un conglomérat immobilier et ... culturel, s'est fait une spécialité dans la récupération de ces oeuvres dans les enchères internationales. Il a même ouvert un musée dédié à ces trésors récupérés, dans une aîle de son théâtre situé au centre de Pékin.
Le groupe Poly expose régulièrement ces oeuvres à travers le pays, suscitant à chaque fois ferveur patriotique et rappel des épisodes douloureux de l'histoire de la Chine, lorsqu'elle n'était pas en mesure de résister à l'avancée des puissances occidentales, industrialisées et plus fortes militairement. Le message est simple: plus jamais ça, il faut une Chine forte.
le pouvoir du secteur privé "patriotique" :
Les officiels du gouvernement chinois maintiennent une position de principe plus dure: "nous n'acceptons pas que les oeuvres qui ont été pillées, volées ou sorties en contrebande par le passé puissent être vendues à l'étranger", a déclaré Song Xingchao, directeur des Musées nationaux chinois, cité par le China Daily. Mais le gouvernement encourage néanmoins le secteur privé "patriotique" à utiliser sa puissance financière pour retrouver et racheter ces trésors perdus. Ainsi, le groupe Poly a-t-il dépensé plus de 100 millions d'euros depuis 1998 pour racheter des centaines de pièces, dont les plus connues sont trois têtes de tigre, boeuf et singe provenant de Yuanmingyuan, payées quatre millions d'euros lors d'une vente à Hongkong. "Nous savons que les collectionneurs ne sont pas les voleurs, ils ne connaissent souvent pas l'origine de leurs pièces. Nous voulons les indemniser en achetant leurs oeuvres", m'a dit un de ses dirigeants en 2003.
La Chine a vainement tenté de récupérer par la voie diplomatique ses oeuvres pillées, à l'instar d'autres pays comme la Libye ou la Grèce, qui négocient le retour de trésors exposés dans les grands musées du monde. Il y a quelques années, la Chine s'était attirée une fin de non-recevoir spectaculaire de la part de tous les grands musées du monde, dont le Louvre pour la France, qui avaient récusé l'idée du vol et privilégié le concept de patrimoine mondial... Mais la donne a changé: la Chine a aujourd'hui la puissance financière pour récupérer, au moins en partie, le fruit des rapines guerrières du XIX° siècle. "
Rue89
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