Images d’après-guerre
«Le Mariage d’un marine», de la photographe Nina Berman,a ému l’Amérique et bien au-delà.Ty Ziegel, gravement blessé dans un attentat en Irak, a été défiguré.
Par NATHALIE DUBOIS
Ce Mariage d’un marine a été scruté par, peut-être, des millions de personnes, commenté par des dizaines de milliers d’internautes, relayé par des dizaines de sites les plus divers, proguerre, antiguerre, dédiés à l’amour ou à la Saint-Valentin. Elu meilleur portrait de l’année par la prestigieuse fondation World Press Photo, exposé ces jours-ci à la galerie Jen Bekman de New York, le cliché n’en a pas fini de déranger les Américains. « Beaucoup de gens me disent qu’ils en ont pleuré », s’étonne elle-même Nina Berman devant le séisme d’émotions que produisent ses images.
Le 7 octobre 2006, cette photojournaliste américaine est à Metamora (Illinois), petit patelin de 3 000 habitants au fin fond du Midwest, pour le mariage du sergent Ty Ziegel, 24 ans, et de sa fiancée, Renee Kline, 21 ans. C’est le magazine People qui lui a commandé un reportage sur la love story d’un grand blessé de la guerre d’Irak.
Ty a perdu tout son visage dans le souffle d’un attentat-suicide contre son camion, l’explosion lui coûte aussi un œil, la moitié d’un bras et trois doigts de la main droite. Son crâne est tellement abîmé que les médecins - qui lui font subir une cinquantaine d’opérations durant dix-neuf mois de soins intensifs dans un hôpital militaire du Texas - doivent le remplacer par une calotte de plastique. Ty et sa fiancée sont amoureux depuis le lycée ; elle avait 15 ans et lui 18 lorsqu’ils se sont rencontrés. Le jour du mariage, ils se font tirer le classique portrait de noces au petit studio photo local. Un peu en retrait, Nina Berman saisit alors cet instant de gravité.
Le décor artificiel, brouillard de nuages bleu sombre, nimbe l’image d’irréel : on est devant la Belle et la Bête, avec le cortège des frayeurs enfantines associées à ce conte. Mais, collée au mythe, saute simultanément à la gorge la conviction que ce couple est bien réel. Pour Nina Berman, cette photo est « un wake-up call », une manière de réveiller ces trop nombreux Américains qui se préservent de voir que la guerre en Irak est réelle et a déjà marqué dans leur chair près de 30 000 de leurs concitoyens.
La photojournaliste de 47 ans continue de recevoir un innombrable courrier à propos de son Mariage d’un marine. Lisa, une habitante de Floride, lui a par exemple décrit comment cette photo l’a tellement «prise aux tripes» qu’elle a « fondu en larmes, jaillies de mille émotions - compassion, tristesse, amour, remords, pardon, terreur, choc… » « Entendre le même jour le président Bush dire qu’une fois à la retraite il s’occuperait à faire quelques discours et voyages, à s’ennuyer et à passer du temps dans son ranch m’a littéralement horrifiée», concluait Lisa.
2 commentaires:
Boudu de boudu, quel choc que ce portrait !!!
Symbole de la folie d'un homme, pour le nommer G.Bush !
Combien de vies brisées ?
Tous devraient venir se faire photographier avec un commentaire explicatif et l'envoyer à la Maison Blanche...
Mais cela suffirait-il pour que cesse cette guerre sans fin !
Merci pour ce partage Martine !!!
Asminette qui souhaite que ce jeune couple puisse vivre en paix l'amour qui les unie
Effroyable... ce que la vie est dure... Effroyable cette guerre où rien ne se règle, le temps passe et ça recommence... Une toupie qui ne veut pas s'arrêter. Que de blessures et de souffrances !!! Regard de tristesse, le courage d'un grand amour !
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