Djura, c’est d’abord une présence. Enveloppante. Maternelle. Comme ces arbres dont on sent qu’ils ne plient pas sous la tempête. Djura, c’est aussi une générosité presque légendaire, un cœur énorme tout droit venu des montagnes de Kabylie. De ces hauteurs algériennes sont sorties ses premières vocalises, lorsqu’elle voulait appeler une amie située sur la montagne en face. « C’est le cri que je pousse lorsque je monte sur scène » explique-t-elle.
Car cette femme a décidé de porter haut son message, légué par sa grand-mère: « Elle me disait: « Ma fille, nous ne sommes là que pour transmettre ». C’est-ce que je fais, je transmet des valeurs féminines, des valeurs de douceur, de paix et de courage dans mes chansons. Les combats perdus sont ceux que l‘on a abandonnés. Nous, on n‘abandonnera jamais!»
Pour elle, les femmes sont le sexe fort, la moitié du ciel, les piliers du monde. Alors elle a décidé de les défendre, de lutter contre l’oppression masculine, de mener sa vie comme elle l’entend. Mais surtout sans se taire, sans se couper des autres.
Sa vie est un combat rudement mené. Venue en France à l’âge de cinq ans, elle découvre la banlieue parisienne, ces ghettos où, pour lutter contre le déracinement, on durcit encore plus les règles qu’il y avait au pays. Sa famille à elle ne fera pas exception: elle lui interdit de monter sur le planches, son rêve de petite fille. Mais Djura n’est pas femme à courber l’échine. Elle devient cinéaste. Puis se tourne vers la musique pour chanter ses valeurs humanistes.
Des années plus tard, elle sera victime d’une expédition punitive, menée par les hommes de sa famille pour la punir d’avoir eu un enfant avec un français. De cette blessure, de cette souffrance, naîtra un livre: « Le voile du silence », puis un autre « la saison des narcisses ». Tous les deux best-sellers.
Djura fut une pionnière: elle a créé le premier groupe féminin et féministe: Djurdjura. Pour faire passer son message, elle travaille la forme, choisit de fusionner tradition et modernité, prend ce qu’il y a de plus riche dans la musique traditionnelle et la fait évoluer. « J’ai même intégré du slam et de la musique éléctro dans mes spectacles. Il faut absolument ne pas se couper des jeunes générations » assure-t-elle.
La Dame de Kabylie a récemment été décorée de l’Ordre du mérite et de la Légion d’honneur. De la fierté? Non, elle apprécie juste cette forme de reconnaissance: « Pour moi, les médailles sont au fond de mon cœur et dans les valeurs que je véhicule …» Ce qu’elle aime en revanche, c’est être un modèle pour la population maghrébine.
Des projets? Par centaines. Elle souhaiterait notamment refaire un ou deux longs-métrages. Un opéra aussi peut-être. Et sourit en avouant qu’elle aurait adoré travailler avec Bjork: « Je crois que c’est un ange, elle n’est pas d’ici. Elle semble très qualifiée pour aller dans les mondes supérieurs et j’aime bien ça! »
tdg.ch
lundi 30 juillet 2007
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