Et un coup de gueule de plus !

Lu dans la Tribune deGenève:

Le blog d'Alliance Sud
par Bastienne Joerchel & Michel Egger

G8 : les coûts d’organisation auraient permis de scolariser un million d'Africains !

Le calcul est vite fait et génère des bouffées de colère. Avec ce que l’Allemagne va dépenser pour l’organisation du G8, qui se tient dès aujourd’hui à Heiligendamm, on pourrait scolariser plus de 1 million d'enfants africains ! Les coûts s’élèvent en effet à plus de 100 millions d’euros, dont 20 pour le seul mur métallique (12 km) qui coupera du monde et des manifestants les chefs d’Etat des huit pays les plus riches de la planète.
En même temps, il est clair déjà que le G8 ne tiendra pas sa promesse, faite au sommet de Gleneagles en 2005, de doubler son aide à l’Afrique d’ici 2010. Si la tendance se poursuit, elle manquera sa cible (100 milliards de dollars) d’au moins un tiers. Si le G8 avait tenu ses engagements en 2006, l’Afrique aurait reçu 7,8 milliards de plus, qui auraient permis de scolariser 62 millions d’enfants.
Les sommes délirantes consacrées aux shows planétaires du G8 et à sa sécurité montrent que le problème de la lutte contre la pauvreté n’est pas un manque de ressources monétaires. L’économiste Patrick Viveret, auteur du remarquable "Pourquoi ça ne va pas plus mal ? "(Fayard), rappelait la semaine dernière dans Le Monde qu’une partie des dépenses de « mal-être » des pays riches suffirait à traiter les grands problèmes du Sud (faim, malnutrition, eau, santé) et à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Que sont, en effet, les 50 milliards de dollars d’aide supplémentaire promis par le G8 à l’Afrique face à ce que les nantis dépensent chaque année pour à la fois entretenir et combattre leur « mal-être » : 50 milliards de dollars en cigarettes, 105 milliards en boissons alcoolisées et 11 milliards en crèmes glacées pour la seule Europe, 12 milliards de dollars en cosmétiques, 17 milliards en aliments pour animaux de compagnie et 250 milliards de dollars ( !) pour la publicité en Europe et aux Etats-Unis.
Gandhi, décidément, avait raison : « Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession et de pouvoir de chacun. »