jeudi 28 juin 2007

Tant mieux ! Du balai !


Tom Cruise n’a pas le profil du héros allemand :

Actif contre la scientologie, Berlin refuse que l’acteur incarne le comte de Stauffenberg. Nouvelle déconvenue, à Berlin, pour Tom Cruise et la scientologie. Le projet de l’acteur d’incarner le comte de Stauffenberg dans le prochain film de Brian Singer suscite en Allemagne une vive polémique. Une chose est sûre : Tom Cruise ne tournera pas dans la cour où fut exécuté Stauffenberg, l’artisan de l’attentat manqué contre Hitler, le 20 juillet 1944. Et le tournage, prévu pour démarrer le 19 juillet, ne se fera pas sur le site historique de l’attentat manqué, l’ancien siège de l’état-major de l’armée de réserve de la Wehrmacht qui fait désormais partie du ministère allemand de la Défense.


«Ouvrir la porte à un scientologue de haut rang dans un bâtiment fédéral reviendrait à lui apporter une reconnaissance de la part de la classe politique fédérale» , estime Antje Blumenthal, experte des sectes au sein du groupe parlementaire démocrate chrétien. La déclaration en dit long sur les relations tendues qu’entretient l’Allemagne avec l’église de scientologie. Déjà, en 2004, le président du Bundestag avait refusé à Tom Cruise l’accès au Reichstag pour le tournage de Mission impossible 3 en invoquant, officiellement, le fait que ce site historique ne se prêtait pas à une production hollywoodienne.


Héros.

Cette fois-ci, il s’agit d’un film historique. Tom Cruise doit incarner dans Valkyrie, tiré d’un scénario de Chris McQuarrie, le personnage de Claus Philipp Maria Schenk, comte de Stauffenberg, l’un des rares héros allemands de la Seconde Guerre mondiale. D’abord admirateur de Hitler, ce conservateur patriote tourne le dos au national-socialisme avec l’invasion de l’Union soviétique en 1941. «Il m’est désagréable que quelqu’un qui se reconnaît dans l’église de scientologie interprète mon père» , s’insurge Berthold Schenk von Stauffenberg, le fils aîné du comte.

L’affaire s’inscrit dans un climat déjà tendu. L’inauguration, en janvier, du siège berlinois de la secte américaine, un vaste bâtiment de plusieurs étages en plein centre-ville, avait suscité un vif émoi outre-Rhin. « Le nouveau centre berlinois de la scientologie s’inscrit dans le cadre d’une campagne européenne de l’organisation», estimait alors Ursula Caberta, qui dirige un groupe de travail sur la secte à la municipalité d’Hambourg.
Avec l’ouverture de son siège berlinois, la scientologie chercherait à redresser la tête outre-Rhin. Les autorités allemandes avaient en effet déclaré une guerre ouverte à cette organisation dans les années 90, avec un arsenal de mesures répressives. La scientologie s’était vue refuser, en 1995, par la Cour constitutionnelle, le statut avantageux d’«église» qu’elle revendique.


Surveillés.

Surtout, les agissements de l’organisation, soupçonnée d’opérer contre les principes de démocratie défendus par la Constitution, sont surveillés depuis 1997 par les services de renseignements fédéraux ainsi que par ceux de plusieurs Länder. La Bavière catholique est particulièrement active contre la scientologie : tout fonctionnaire doit, depuis 1996, clairement se distancer de l’organisation pour obtenir un poste dans l’administration. Le dispositif s’est avéré efficace : les effectifs seraient passés de plus de 10 000 membres, en 1995, à quelque 5 000 à 6 000 aujourd’hui.

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