Festival Clin d'oeil des "cultures sourdes" à Reims jusqu'à dimanche :
Des courts métrages en compétition abordent la surdité sous toutes ses formes, depuis le "coming out" burlesque d'un Britannique qui avoue à sa mère qu'il n'entend pas, jusqu'à un film italien où un homme évoque avec nostalgie son grand amour de jeunesse impossible avec une jeune femme parce qu'elle était sourde.Des pièces de théâtre sont également au programme qui mettent en valeur la richesse de la langue des signes où l'expression corporelle est déterminante.
"La richesse de cette langue n'est pas que dans le vocabulaire, mais dans une expression globale. Par exemple, le conditionnel se fait avec des épaules qui se décalent et des sourcils qui se froncent. Quand on se concentre sur les mains, on se trompe", explique un traducteur, Alain Bacci."Les sourds ont un sens du visuel plus développé que les autres. On appréhende à travers nos yeux. Un sourd va voir autrement les images. Un plan serré autour du visage est fait pour les entendants.
Comme nous parlons avec notre corps, le plan serré pour nous est beaucoup plus large", ajoute le directeur du festival, David de Keyzer, bientôt 32 ans, réalisateur de documentaire et qui se décrit comme "le seul sourd d'une famille d'entendants"."Le festival n'est pas militant en soi. L'idée n'est pas de parler du handicap ou de la surdité, mais de gens qui ont une forme d'expression particulière, qui s'exprime notamment par la langue des signes et tout ce qu'il y a autour", ajoute M. de Keyzer, membre de l'association Cinésourds.
Si le festival n'est pas militant, M. de Keyser se souvient avec virulence de la passe d'armes entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sur la scolarisation des enfants handicapés pendant le débat entre les deux tours de la campagne présidentielle: "Sincèrement, pour moi c'est une comédie montée de toutes pièces. Ils devraient avoir honte tous les deux car nous sommes les derniers en Europe en termes de classement sur l'intégration des sourds. Le sous-titrage à la télévision, la présence d'interprètes dans les événements, l'enseignement... tout cela est très en retard en France".Il y aurait selon lui en France quatre millions de personnes ayant une déficience auditive.
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