mardi 8 mai 2007

Expo Willy Maywald







J'ai volontairement choisi ces quelques clichés en noir et blanc , parce que je préfère le contraste du noir et du blanc et que ces photos me rappellent furieusement les croquis de mode de mon enfance .Les femmes pauvres de mon quartier tentaient de reproduire ces modèles coûteux..

Longtemps étiqueté «photographe de Christian Dior», Willy Maywald (1907-1985) ne cesse d'être réajusté dans un contexte moins strict.

En témoigne la proposition généreuse du musée Carnavalet : trois cents photographies en noir et blanc sur les cimaises. Cette vision extra-large montre tout le talent de ce jeune homme cultivé, totalement ébloui par Paris, qu'il découvre dès 1931, avant que l'Allemagne n'envahisse la Pologne. Par chance, il échappera au pire, en se réfugiant à Winterthur, en Suisse, dans la famille d'un pasteur. Sa soeur Hélène sera internée dans un camp en Lozère, puis retournera à Clèves, leur ville natale. En 1946, au Théâtre des Champs-Elysées, il retrouvera le futur inventeur du new look, fugitivement croisé au café du Dôme dix ans plus tôt, et qui le serrera dans ses bras. A eux deux, ils seront une bonne part de l'âge Dior de la haute couture.

Chic.

Si Willy Maywald préférait les hommes, il avait le chic pour ravir les femmes. Ses portraits de mode n'ont pas pris une ride. Ils sont d'une simplicité qui laisse baba, assez proche de la réalité de l'époque, d'un Paris délabré et mal éclairé où n'existe plus le superflu. Sabine Weiss, son assistante de 1946 à 1950, raconte la difficulté à dénicher des pellicules ou des taxis, et combien Maywald, par force, était minimaliste : «Il possédait peu de choses : quelques habits, aucun objet, et tout son équipement photographique se résumait à un Rolleiflex et un sac contenant trois petits pieds, trois lampes en aluminium démontables [...] et quelques fils électriques. Il devait aussi avoir un flash qui, à l'époque, marchait avec des ampoules destinées à ne produire qu'un seul éclair, car je me rappelle sa peur quand une des ampoules explosa lors d'un défilé de mode.»
Après-guerre, Maywald installe aussi ses modèles en plein air, place de la Concorde ou en bord de Seine, s'approchant de l'état d'esprit du reportage avec son goût des décors naturalistes. Il y a même un portrait d'une élégante à la taille de guêpe en tailleur Dior, pris à domicile, au 10, rue de la Grande-Chaumière, au coeur de ce Montparnasse éblouissant qui enchante Maywald.

Portraits chaleureux.
La bohème de Montparnasse est sa famille d'adoption. Dans un court documentaire qu'il a tourné en 1958, sobrement titré Montparnasse, on découvre les ateliers bricolo des artistes vintage, enracinés autour des cafés du métro Vavin, le Select ou la Rotonde. L'ambiance est austère : peu de meubles, le strict nécessaire et une bonne odeur de peinture.
Il aime à saisir les artistes au travail, ou en phase d'inspiration ; ainsi Pierre Soulages remuant du noir avec une énergie cinétique et, tout à coup, le jetant sur une toile sans un mot, comme un forçat. Sur ses photographies au carré, Maywald s'accorde à révéler les intérieurs, le vieux poêle à bois et les tapis usés, et les artistes en tenue, tabliers à la Pollock et pulls tricotés main. Aujourd'hui, ces portraits chaleureux valent de l'or ; ils sont la mémoire d'un Paris accueillant avec les étrangers...
Sur son carnet d'adresses, le Tout-Paris, de la sublime Florence Henri à Nico, l'égérie du Velvet. Son atelier est ouvert à tous, voisins (Zadkine, Arpad Szenes) comme nouveaux amis. Il commence à voyager et à exposer un peu partout, achète une maison à Grasse. En 1982, Maywald rencontre Jutta Niemann, qui met depuis sa mort une grande énergie à le faire connaître. Lors d'une mini-exposition concoctée par Laura Serani en 1993, Jutta Niemann expliquait que l'inventaire n'était pas terminé. Dix ans plus tard, elle précisait qu'il y avait près de 120 000 négatifs. C'est dire qu'on n'a pas fini de revoir le prince de Clèves et sa devise: «Tout ce que je fais est inconscient.» ( Liberation)

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