samedi 5 mai 2007

Centenaire de la naissance de René Char (1907 - 1988)


Phrase extraite de Recherche de la base et du sommet :

« L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne. »


Marie-Claude Char, la veuve de René Char, a rassemblé pour sa part plusieurs centaines de documents inédits dans un album richement illustré intitulé "Au pays de René Char" (Flammarion) et le fait revivre entouré de ses amis.

Le magazine Télérama consacre également début mai un "hors-série" au poète, "qui célébra à coups de fulgurances sensuelles sa terre, le désir, les femmes, la résistance, et transforma sa retraite de l'Isle-sur-la-Sorgue en creuset artistique".

(Exposition "René Char" - 4 mai au 29 juillet - BNF, site François-Mitterrand - Fermé lundi et jours fériés - 5 euros.

Catalogue de l'exposition "René Char" sous la direction d'Antoine Coron - BNF/Gallimard - 264 p. - 180 illustrations - 49 euros)

("Pays de René Char" de Marie-Claude Char - Flammarion - 260 p. - 45 euros)

("René Char, Le géant magnétique" - Télérama, Hors-série - 98 p. - 7,80 euros).


Un concours d'écriture qui vient - hélas - d'être clos mais je suis l'affaire de près et je vous en ferai connaître les résultats :


RENE CHAR, L’ECLAIR ME DURE… APPEL A ECRITURE :


Les vers de René Char ont pouvoir d’accompagner notre vie. C’est là une force qu’ils ont en partage, sans doute, avec l’œuvre de tous les grands poètes, mais les premiers échos du centenaire Char ne cessent de le confirmer. Au rebours des préjugés que traînerait avec elle un œuvre réputée, croit-on, difficile ou incommode, de multiples histoires particulières, des itinéraires souvent intimes, escortent ces vers dont la puissance nourricière défie la segmentation. On a dit souvent que la poésie de Char était proche de l’aphorisme: cette analyse n’empêche pas le contraire de se vérifier. Certes parfois « sentencieuse » cette œuvre est avant tout mystérieuse, ce qui ne veut pas dire impénétrable ; elle fuit l’inflation et l’assertion grandiloquente pour se ramasser dans un verbe nécessaire. L’alliance d’une profération sans détour et d’un non-dit concerté, le jeu du caractère et du blanc de la page y créent l’espace où chaque lecteur-auditeur peut ainsi co-signer. C’est pourquoi tant de faits humbles ou décisifs (vœux de Nouvel an, fiançailles, lettres, articles…) s’ornent des textes de Char ou prennent essor à partir d’eux. A ce jeu l’œuvre du poète se prête avec indulgence et comme de bonne grâce. Le centenaire était donc l’occasion idéale pour donner voix à ses captations particulières, à ses lectures résolument subjectives, parfois anecdotiques, parfois aussi révélatrices d’une profondeur insoupçonnée.

A compter de février 2007, il est proposé à chaque lecteur de Char qui souhaiterait raconter ce type de rencontre avec le texte, de l’écrire. A l’enseigne d’un extrait de La Bibliothèque est en feu : « L’éclair me dure » (dans La Parole en archipel ), chacun, quels que soient son âge et son degré de familiarité avec l’œuvre, est invité à témoigner de son itinéraire avec un poème, un fragment, ou un recueil. La forme et le volume de ce témoignage sont libres : quelques lignes ou plusieurs pages, un récit, un poème, un dialogue, anonymes, signés ou encore écrits sous pseudonyme… La page blanche ci-dessous et le cadre qui l’ouvre sont une invitation à poursuivre ad libitum.



Et 2 courts extraits d'un écrivain original !

Allégeance

" Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part. Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor.

Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse. Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.

Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?"

(extrait de Fureur et mystère, 1948, © Éditions Gallimard www.gallimard.fr/)


"A flancs de côteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. A l'époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d'une fille dont les bras sont occupés durant la journée aux fragiles branches. Pareille à une lampe dont l'auréole de clarté serait de parfum, elle s'en va, le dos tourné au soleil couchant.

Il serait sacrilège de lui adresser la parole .

L'espadrille foulant l'herbe, cédez-lui le pas du chemin. Peut-être aurez vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l'humidité de la nuit ? "
René CHAR - Fureur et Mystère (1938-1947)


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