jeudi 14 février 2008

Berk de berk !

Je déteste cette idée aussi ! Pourquoi imposer cette commémoration et pourquoi ne pas choisir des enfants de harkis, d'africains morts pour la France? Je doute de la capacité d'un enfant de primaire à appréhender l'idée et ce qui est derrière. Aucun enseignant - moi, y compris - n'a attendu pour lire des lettres de résistants ou de soldats au front pendant les guerres successives..Y'en a marre des gesticulations ridicules, des éclats de voix , des coups de poing sur la table, pour finalement accoucher d'une fourmi ! Passons aux choses sérieuses !

"Je n'aime pas du tout la dernière idée de Nicolas Sarkozy : confier la mémoire d'un enfant tué lors de la Shoah à un élève de CM2 (10 ou 11 ans).
Aujourd'hui une petite victime juive donc. D'abord, pourquoi cette commération de plus ? Car c'en est une. Et surtout en imposant un tel devoir à des enfants bien trop jeunes pour le comprendre. Et demain ? Célébrera-t-on un enfant d'une autre confession ou d'une autre couleur ?Je n'aime pas la société que l'on nous construit.

A trop vouloir célébrer ces souffrances ne risque-t-on pas de parvenir à un effet inverse à celui recherché ?
A dresser les unes contre les autres des communautés (je déteste ce mot) dont les rapports sont déjà tendus ?
Un prof d'école m'a raconté un jour comment, dans sa classe, il fit comprendre le génocide à certains de ses élèves, les plus prompts à "traiter" certains de "sales feujs" dans la cour, en leur projetant un film sur la déportation.Cela n'arriva plus.
Un jeune rabbin de mes amis m'explique, lui, régulièrement, avec émotion, comment lors des voyages qu'il organise plusieurs fois par an à Auschwitz, les mômes de nos banlieues et de nos quartiers ne sont pas les derniers à rester prostrés devant une abomination qu'ils comprennent enfin.Des initiatives ponctuelles, personnelles, volontaires et discrètes de ce genre me semblent bien plus productives.Surtout, pour finir, que la commémoration des horreurs de notre Histoire collective ne se limite pas au récit des crimes de la Shoah
Guy Birenbaum


Et la réponse fort intelligente d'un lecteur :
“ Petit-fils de collabo, je n'ai jamais eu envie d'endosser les faits et les opinions de mon grand-père. Je suis né 20 ans après la Libération, sa guerre n'est pas la mienne. Je n'ai pas voulu ce qu'il a fait, mes parents ni personne ne m'en ont d'ailleurs rien dit. Il n'a pas de sépulture, son souvenir s'est effacé de la mémoire des gens avec le temps, au fur et à mesure que ceux qui ont eu à le connaître, à le subir sont morts à leur tour. Pour moi, c'est comme s'il n'avait jamais existé. En revanche, sa fille s'est fait canarder par des avions américains alors qu'elle jouait dans un verger, puis après qu'ils ont débarqué, elle s'est fait violer à l'âge de 10 ans par des soldats américains. La guerre, c'est moche, toujours et pour tout le monde. L'éradication du nazisme n'a pas fait disparaître la haine, c'est pourquoi je considère avec beaucoup de circonspection cette initiative de rédemption. Je ne me vois pas prendre parti pour donner des réponses que je n'ai pas aux questions que me poseront mes enfants l'année prochaine. Je ne veux pas prendre parti, je n'ai rien à voir avec tout ça. Il appartient aux historiens, à leurs travaux d'éclairer les générations présentes et futures, à mon humble avis. Vous, monsieur Birenbaum, en raison de votre propre histoire familiale, connaissez la charge émotionnelle de ce genre d'affaires et j'apprécie votre prise de position. C'est aussi pour cela que je me permets d'ouvrir une parenthèse qu'il me tarde de refermer. Faut-il rouvrir tout le temps des plaies pour faire oeuvre de mémoire ? Doit-on absolument prendre en charge les hauts faits et les horreurs de nos aïeux pour cela ? Qu'ont fait mes ancêtres le jour de la Saint-Barthélémy ? Ai-je encore autre chose à me reprocher ? ”

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