dimanche 4 novembre 2007

Les Utopiales 2007



L’affiche des Utopiales 2007, dédiées aux «Climats», est signée Luc Schuiten. L’architecte bruxellois rêve la ville de Nantes en 2100, emballée de végétation, tout en arborescences aériennes, empreinte de l’innocence pastel d’un retour à la nature. Une cité placée sous le signe du développement durable et de l’anticipation, comme la carrière de Luc Schuiten, dont une exposition retrace quarante ans d’écologie architectonique.


Quand en êtes vous venu à l’écologie ?
Les déréglements climatiques que la planète connaît, je baigne dedans depuis trente ans. Avec la première crise pétrolière, le spectre de l’épuisement des ressources m’a incité à travailler dans ce sens. J’ai réalisé que nous étions coupés de la nature, des origines, qu’il fallait remettre l’homme au cœur de son environnement, reprendre à la base, concevoir une maison tournée vers la nature, où tout repenser, court-circuiter le triangle architecte-maître d’ouvrage-entrepreneur. Pour passer la porte de la maison Orejona, que j’ai construite moi-même en 1976, on entrait la main dans un gant de fourrure. Ce simple geste donnait une autre dimension à la manière d’entrer chez soi. La face sud était faite de panneaux solaires, avec un stockage intersaisonnier de calories.


Vous allez des maisons idéales vers la Cité…
Dans les années 80, j’ai réfléchi à des cités écologiques, des villes d’habitarbres : des habitations avec pour centre un arbre servant de charpente naturelle, structure organique autoclimatisée, autosuffisante grâce au soleil, sans aucun apport d’énergie fossile.



J’ai suivi le développement d’une rue de 1850 à 2100, dans une perspective écologiste. Mes bâtiments sont faits de vivant. Les façades transparentes, pour l’énergie solaire, servent de cimaises aux habitants. Les voitures individuelles et transports en commun ont disparu. A la place, des voiturettes velusome (véhicules à énergie solaire et musculaire habitables). J’imagine aussi des ornitoplanes à ailes battantes, gonflées à l’hélium. Mes toitures en terrasses communiquent. J’ai également dessiné des cités à partir des écosystèmes existants. Les termitières, par exemple, sont une merveille du point de vue de la climatisation.


A partir de l’abandon de l’industrie, comment développer une société ?
On peut le faire comme le monde a toujours tourné. L’araignée ou le ver à soie fabriquent avec leur abdomen le fil le plus solide qui soit ; l’ormeau génère un émail stable et non polluant.


Vos anticipations sont-elles réalisables ?
Pas directement, mais je collabore avec des biologistes par exemple, pour trouver des matériaux réellement exploitables ; je suis sur un projet de ville en creux, une ville durable qui s’épanouit en respectant les équilibres. Chercher dans cette voie-là est notre seule issue.


Recueilli par Frédérique Roussel (à Nantes)

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