Richard Bellia se souvient du jour où il a acheté son premier appareil photo. Il avait 18 ans et peut-être des boutons, il ne précise pas. On est au début des années 80, dans sa Lorraine natale. « Je suis sorti du magasin et je suis allé avec à un concert de Bijou et Lili Drop ». Le doigt est resté depuis bloqué sur le déclencheur.
Aujourd’hui, le photographe sort un livre retraçant vingt-cinq ans de photos. De Londres à Berlin en passant par L.A.
Très bel objet où l’on croise Robert Smith même pas maquillé (si, si), les Chemicals Brothers dans une pharmacie, Morrissey à sa grande époque, un Ramone entre train de se faire s…!
Le livre se titre « Un œil sur la musique » parce qu’après avoir passé sa vie à faire des photos pour illustrer les articles et le point de vue des autres dans la presse, Richard Bellia avait envie de donner son avis à lui.
Parmi les centaines de photos sélectionnées pour ce livre, quelques unes sont soulignées d’un cours texte. Mais les clichés sont plus bavards. C’est un bouquin sans chapitres cohérents, et c’est là toute sa cohérence. Les photos ne sont pas classées par genre (« ça veut dire quoi un genre musical ? »), ni dans l’ordre chronologique (« je ne voulais pas raconter l’histoire de la musique »).
Le mec qui y était -Bellia - n’avait visiblement pas non plus envie de raconter sa propre histoire. Celle du mec « qui y était », traversant vingt-cinq ans de musique l’objectif à bout portant de ceux qui sont restés ses dieux. Et ceux de pas mal de gens.
On s’arrête sur quelques images de Nirvana. Suivie de la pierre tombale d’Hendrix. « Deux guitaristes gauchers de Seattle morts à 27 ans et qui ont marqué leur génération. Drôle de hasard », commente en épitaphe Bellia.
On s’arrêtera aussi longuement sur sa période Cure. Bellia les avait flairés alors qu’ils étaient « connus comme Mickey 3D à Saint-Etienne y a 5 ans ». Il les a suivis, de près.
2 kilos à compte d'auteur
Le livre est un bel objet. Il y tenait. « Quand tu vas chez un fan de musique, c’est quelque chose qui m’a toujours frappé : c’est moche. Le décor se résume souvent a des étagères à CD avec un ordinateur allumé pas loin. Alors que chez les fans de peinture, c’est toujours beau. Je me suis dit qu’avec ce bouquin, le mec qui aime la musique, il aurait un beau truc pour chez lui".
En tant que photographe, Bellia était mauvais commercial, laissant non publiées des centaines de photos, parce qu’il s’était engueulé avec tel ou tel journal ou parce que rien, "ça c’est pas fait". En tant qu’éditeur, il s’est amélioré. Pas trop le choix. Il a intégralement autofinancé son bouquin, tiré à 1500 exemplaires, et le vend lui-même. Arpentant Lyon en scooter et Paris avec sa valise à roulette.
Le livre pèse 2 kilos et vaut 65 euros. Il les vaut.
A.Gd.
Un oeil sur la musique, éd.Trois Chansons sans Flash », 256 p., 2007.
Disponible sur le site de Richard Bellia
Un oeil sur la musique, c'est aussi une expo photo au Café Cousu, passage Thiaffait, Lyon 1er.
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