vendredi 8 février 2008

Magnifique correspondance


http://www.sitaudis.com/Parutions/marina-tsvetaeva-boris-pasternak-correspondance.php
http://www.panoramadulivre.com/V2/article.php3?id_article=145


Marina Tsvétaïéva à Boris Pasternak
Extrait d'une lettre du 31 décembre 1929 à Meudon




[...] Boris, avec toi je redoute chaque mot, voilà la raison de mon silence épistolaire. Car nous n'avons rien d'autre que les mots, nous y sommes condamnés. Car tout ce qui, avec d'autres, passe - sans mots, les mots sans voix, sans rectification par la voix. Le peu de chose prononcé (l'air a tout mangé) - est affirmé, muettement hurlé. Boris, d'ordinaire, dans toute relation humaine, les mots sont juste une main-forte, une béquille, une dernière extrémité, et l'extrémité l'est toujours - dernière. On dit bien - en guise d'adieu. Je ne sais pas si elle est vraiment de lui, mais Stépoune a eu une formule définitive : « Ce qui a perdu les romantiques, c'est d'avoir toujours été les derniers. » Chacune de nos lettres est la dernière. Tantôt - la dernière avant notre rencontre, tantôt - la dernière pour toujours. Peut-être est-ce d'écrire rarement que tout reprend à neuf - à chaque fois. L'âme se nourrit de la vie, ici l'âme se nourrit de l'âme, auto-dévoration, impasse. [...]

1 commentaire:

Nicole a dit…

Une lettre magnifique... Une histoire d'amour impossible, peut-être ???