samedi 3 novembre 2007

Allongez-vous sur mon divan !



C'est en découvrant l'affiche du spectacle de Jean-Marie Bigard : " mon psy va mieux " que j'ai repensé au mien, de psy..
Après quelques années fort difficiles avec la Parkinson de mon ex-mari, j'ai sottement imaginé que me plonger dans un travail valorisant et aligner les heures, me permettraient de fuir un quotidien étouffant ..
Erreur, ma brav' dame ! Epuisée par ces journées d'instit', de mère, d'épouse et d'infirmière, j'ai commencé à mal dormir puis à ne plus dormir. Je m'obligeais à faire une courte sieste à midi pour pouvoir tenir le coup l'après-midi..J'étais prise dans une spirale infernale !
Un lundi matin, j'ai ouvert ma porte de classe, regardé autour de moi et dit à ma femme de service : " je peux plus ! je m'en vais !"
Une ordonnance de mon médecin plus tard plus une énorme engueulade de sa part ( j'avais trop présumé de mes forces et avais atteint un point d'épuisement critique ), je rentrais chez moi pour 5 longues, très longues années de dépression, somnifères, anxiolytiques..et compagnie !
Cette foutue maladie m'a volé 2 ans de ma vie, 2 ans dont je ne conserve que quelques images fugaces..Je sais que je me forçais à me lever chaque matin pour les enfants mais c'est tout dont je me souviens ! Les courses dans les magasins et les réunions de parents d'élèves furent un cauchemar embrumé, les yeux gonflés par les médicaments et l'esprit au ralenti .
Je devais être fort dangereuse au volant !
A un moment, j'ai compris que je n'y arriverais pas toute seule . J'ai demandé des noms et des adresses à mon médecin . Il m'envoya chez un de ses amis ( oui, oui, le copinage n'existe pas qu'en politique :-))
Une flèche, ce psy ! Cabinet dans le beau quartier des Brotteaux à Lyon, un appartement qu'il partageait avec un confrère et une secrétaire ronchon .
Parquets foncés et bruyants qui craquaient même sous nos pas prudents, salle d'attente aux murs d'un vert pisseux, vert hôpital et fenêtre borgne aux vitres épaisses.

Son bureau était surprenant de tristesse et de morosité : plantes vertes mortes aux feuilles séchées brunâtres, armoire vitrée remplie d'une collection d'objets liés à l'armée ( !!!) et une immense sanguine au mur, sanguine qui aurait rendues neurasthéniques plusieurs bandes de bonobos :-)
Un cauchemar ce bureau et le médecin aussi ! Il prenait 10 mn à chaque début de séance pour relire mes fiches et répondait à tous les coups de téléphone !
Ma séance d'une heure fondait comme du beurre dans une poêle chaude..mais j'aurais parlé à l'horloge parlante tant j'avais besoin de me confier ! J'aurais pu m'enfuir et changer de psy mais l'idée de devoir tout recommencer m'effrayait infiniment .
Ca a duré 3 ans et demi. Un matin, je n'ai plus ressenti le besoin de le voir..Je le lui ai dit et ai espacé les séances jusqu'à l'arrêt total..Je me suis sevrée seule de mes médocs et vogue la galère !
Je sais que je suis toujours sur le sommet de la crête, que je serai toujours fragile, je sais que je peux basculer dans le vide n'importe quand mais j'en connais maintenant les déclencheurs et les signaux annonciateurs !

Vive les psys et vive moi car j'ai réussi à m'en sortir . Je sais que je suis forte ! :-)

2 commentaires:

Nicole a dit…

Merci pour avoir partager tout ça. J'ai déjà consulté et je souhaite à tous le monde cette chance. Ma psy Luce est une femme logique, empathique et objective. Je suis certaine qu'elle a une vieille âme. Si vous avez des amies qui ont une écoute comme celle de Luce alors, vous êtes bien chanceuse. Une grande amie ou une grande psy dans votre vie, ça peut la transformer.

Nicole a dit…

après relecture: ''merci pour avoir partagé tout ça'' oups je lis après et je ne m'habitue pas du tout à lire avant. je suis têtue !