En Chine, des stars s’affichent nues pour la campagne « Ruban rose » contre les cancers du sein. Un fléau qui frappe de plus en plus de jeunes femmes, comme Zhao Chen Guang qui a aussi pris la pose.
Zhao Chen Guang a des allures de petite fille avec son chemisier à collerettes recouvert d'un cardigan brodé. Pourtant la jeune femme vient de poser nue dans un des plus grands magazines de la capitale chinoise vendus à 500000 exemplaires par mois.
Un nu un peu particulier pour le magazine Trendshealth qui a décidé de consacrer une trentaine de pages au cancer du sein. Les plus grandes stars chinoises se sont dévêtues, sur les pages noires et blanches, entourées d'un ruban rose, symbole du mouvement pour la lutte contre ce type de cancer, initié par Estée Lauder, il y a quinze ans.
Chen Guang n'a, elle, rien d'une vedette. Elle est pourtant devenue l'icône de ces femmes à qui la maladie a ôté un sein et qui ont choisi l'option de la chirurgie esthétique; une pratique encore peu courante en Chine.
La jeune femme a fermement pris la pose, le torse bombé, exhibant un sein refait désormais sans mamelon.
« J'ai choisi de poser nue pour que les femmes cessent d'être terrifiée par cette opération. On m'a refait le sein et j'ai trouvé cela beaucoup mieux que ce que j'imaginais. J'ai même réussi à me dénuder devant un appareil photo », explique Chen Guang.
« Le seul cancer qui abîme le corps de manière aussi visible»
C'est la cinquième année que le mouvement Ruban Rose de prévention contre le cancer du sein fait campagne en Chine. Pour Sun Yajin, rédactrice en chef de la revue, c'est une des plus importantes actions du magazine.
En Chine, les photographies de corps nus sont systématiquement interdites. Une censure à laquelle la revue semble avoir échappé.
« Les nus sont d'abord là, certes, pour créer un choc dans l'opinion. Mais le cancer du sein est aussi le seul cancer qui abîme le corps de manière aussi visible. L'idée, en faisant poser des stars sublimes et dénudées, c'est de susciter chez les femmes le désir de conserver un corps complet et de leur faire prendre conscience qu'il peut se détériorer. Nous avons aussi pris l'option de ne mettre que des photos en noir et blanc pour insister sur les lignes du corps et non sur le côté sexuel et provocateur de la nudité », explique Sun Yajin.
Et ce n'est pas la première fois qu'une femme ordinaire exhibe son corps dans le magazine. En 2005, une jeune femme exposait un sein solitaire, un ruban rose dessiné au rouge à lèvres sur la cicatrice de sa poitrine amputée.
En Chine, les photographies de corps nus sont systématiquement interdites. Une censure à laquelle la revue semble avoir échappé.
« Les nus sont d'abord là, certes, pour créer un choc dans l'opinion. Mais le cancer du sein est aussi le seul cancer qui abîme le corps de manière aussi visible. L'idée, en faisant poser des stars sublimes et dénudées, c'est de susciter chez les femmes le désir de conserver un corps complet et de leur faire prendre conscience qu'il peut se détériorer. Nous avons aussi pris l'option de ne mettre que des photos en noir et blanc pour insister sur les lignes du corps et non sur le côté sexuel et provocateur de la nudité », explique Sun Yajin.
Et ce n'est pas la première fois qu'une femme ordinaire exhibe son corps dans le magazine. En 2005, une jeune femme exposait un sein solitaire, un ruban rose dessiné au rouge à lèvres sur la cicatrice de sa poitrine amputée.
Des cas en hausse
En plus de frapper fort, cette campagne intervient à un moment « propice ». Le Centre de Pékin pour le contrôle et la surveillance des maladies a récemment révélé qu'un nombre croissant de femmes chinoises souffre d'un cancer du sein.
Un constat encore plus alarmant dans les grandes villes, avec un taux de prévalence en 2007 de 55 femmes sur 100 000 à Shanghai - soit une augmentation de 31% des cas sur les dix dernières années - et de 45 femmes sur 100 000 à Pékin, en hausse de 23%.
Un constat encore plus alarmant dans les grandes villes, avec un taux de prévalence en 2007 de 55 femmes sur 100 000 à Shanghai - soit une augmentation de 31% des cas sur les dix dernières années - et de 45 femmes sur 100 000 à Pékin, en hausse de 23%.
A qui la faute ?
Les spécialistes pointent le changement du mode de vie des femmes chinoises. Régimes alimentaires non équilibrés et dangereux, environnement néfaste et stress accru au travail, un condensé de facteurs négatifs qui affectent en premier lieu les jeunes urbaines. A 37 ans, Chen Guang fait partie de la classe moyenne chinoise et n'a eu aucun mal à financer ses traitements et son opération. « Quand j'ai appris la nouvelle je me suis effondrée. Mon médecin, Mme Li m'a sèchement fait remarquer que j'avais l'argent pour me soigner et que je n'avais, du coup, aucune raison de pleurer », raconte-t-elle.
En Chine, la sécurité sociale est fournie par les entreprises et beaucoup de ceux qui n'ont rien de cols blancs en sont démunis. À l'hôpital « n°3 » de Pékin, le docteur Li, chef du service des cancers du sein, en fait tous les jours l'expérience. « Beaucoup de mes patientes ne peuvent pas se soigner jusqu'au bout. Elles ne peuvent souvent financer qu'une partie du traitement. C'est ça notre plus grand problème » déclare amèrement le docteur Li.
En Chine, la sécurité sociale est fournie par les entreprises et beaucoup de ceux qui n'ont rien de cols blancs en sont démunis. À l'hôpital « n°3 » de Pékin, le docteur Li, chef du service des cancers du sein, en fait tous les jours l'expérience. « Beaucoup de mes patientes ne peuvent pas se soigner jusqu'au bout. Elles ne peuvent souvent financer qu'une partie du traitement. C'est ça notre plus grand problème » déclare amèrement le docteur Li.
Sans compter que comme dans tous les autres pays, le cancer du sein touche des femmes de plus en plus jeunes.
« La majorité des femmes qui viennent ici ont entre 45 et 48 ans. C'est plus jeune qu'aux États-Unis ou en Europe », raconte la spécialiste entre deux patients. Cette année, elle a vu 200 nouveaux cas franchir le seuil de l'hôpital. Faire accepter la maladieAu-delà des chiffres, un problème de fond : « Techniquement, la Chine est au même niveau que les autres pays. C'est sur le plan de la prévention qu'elle a du retard. » C'est sur ce terrain-là que la campagne Ruban Rose produit de vrais résultats.
La spécialiste est d'ailleurs la première à approuver le geste de sa patiente. « Des femmes sont venues à l'hôpital faire un test parce qu'elles avaient vu la campagne Ruban rose et Chen Guang dans les pages du magazine ».
Ces photos de femmes nues contribuent aussi à faire accepter la maladie. Li Huiping observe que la moitié d'entre elles est devenue dépressive avec la maladie.
Avec cet autre constat : « Plus les femmes sont éduquées, plus elles sont dépressives ». Car les femmes chinoises plutôt favorisées sont encore plus sensibles aux questions d'apparence. Être malade reste honteux.
C'est la raison pour laquelle le docteur Li a décidé de monter un groupe de discussion au sein de son service pour que ses patientes puissent parler entre elles de la maladie. « Les médecins ne peuvent pas grand-chose pour ces femmes dépressives. Dans ce cas, discuter de son expérience avec d'autres victimes est plus efficace. »
Une initiative personnelle qui mérite d'être saluée, même si la spécialiste regrette qu'elle ne soit pas encore généralisée et financée par les services hospitaliers eux-mêmes.
La spécialiste est d'ailleurs la première à approuver le geste de sa patiente. « Des femmes sont venues à l'hôpital faire un test parce qu'elles avaient vu la campagne Ruban rose et Chen Guang dans les pages du magazine ».
Ces photos de femmes nues contribuent aussi à faire accepter la maladie. Li Huiping observe que la moitié d'entre elles est devenue dépressive avec la maladie.
Avec cet autre constat : « Plus les femmes sont éduquées, plus elles sont dépressives ». Car les femmes chinoises plutôt favorisées sont encore plus sensibles aux questions d'apparence. Être malade reste honteux.
C'est la raison pour laquelle le docteur Li a décidé de monter un groupe de discussion au sein de son service pour que ses patientes puissent parler entre elles de la maladie. « Les médecins ne peuvent pas grand-chose pour ces femmes dépressives. Dans ce cas, discuter de son expérience avec d'autres victimes est plus efficace. »
Une initiative personnelle qui mérite d'être saluée, même si la spécialiste regrette qu'elle ne soit pas encore généralisée et financée par les services hospitaliers eux-mêmes.
1 commentaire:
Bravo pour le soutien à cette cause et pour l'information aussi. L'Image est superbe. Ma soeur n'a qu'un sein et je t'assure que c'est beaucoup moins joli que cette photo. Elle vient d'avoir une reconstruction mammaire. Il lui reste une deuxième opération pour finaliser le tout mais ça tarde énormément (liste est longue dans les hôpitaux).
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