Je suis abasourdie après cette lecture ! Cela me semblait si évident ! J'ai encore beaucoup à apprendre !
"Préoccupés jusqu’à présent plus par la croissance économique que par le progrès social, la plupart des Mauriciens ignorent tout des droits humains les plus élémentaires. Un centre vient d’ouvrir à Port-Louis pour leur apprendre à regarder le monde autrement
Avant de fréquenter le Centre des droits humains de Port-Louis, Raffick Joosub ignorait qu’on n’a pas le droit de torturer les gens, même en prison. "Je croyais que c’était permis, avoue-t-il, surtout s’il faut les faire parler". Tous les samedis matin, pendant deux heures, ce Mauricien d’une cinquantaine d’années vient dans ce bâtiment en pierre qui abritait autrefois une Cour de justice pour se former aux droits humains. Carole Lim Hing Teng, elle, confie avoir découvert ici que tous les humains sont égaux. Quant à Navyna, étudiante, elle regrette que ces droits ne soient pas enseignés dans les écoles mauriciennes.
Tous trois font partie de la soixantaine de participants à cette formation qui s’étale sur six semaines. Ils ont été sélectionnés parmi les 300 Mauriciens qui, souhaitant en savoir plus sur ces droits, avaient répondu à une annonce parue dans la presse lors du lancement du Centre, il y a trois mois. Parmi eux, des jeunes, des étudiants, des handicapés et un retraité de 76 ans. Tous promettent de mettre eux-mêmes en pratique leurs nouvelles connaissances et de les partager avec d’autre à l’instar de Navyna. "Les autres étudiants n’ont pas eu comme moi la chance de pouvoir suivre ce cours, regrette-t-elle. Il faut bien qu’ils apprennent eux aussi les droits humains."
Les cours sont dispensés en créole. Au programme, les progrès réalisés par la société de l’âge de pierre à nos jours, les différents instruments juridiques, déclarations et conventions relatifs aux droits humains, les droits des femmes et des enfants, le sexisme, etc. Un volet plus politique aborde les travaux parlementaires, les fonctions du Premier ministre et même le rôle du leader de l’opposition.
"Vivre comme des humains"
C’est le ministre de la Justice et des droits humains qui est à l’origine de la création de ce Centre. Rama Valayden souhaitait faire de l’île un modèle en matière de respect de ces droits. Selon lui, trop de discriminations, envers les femmes notamment, affectent la société mauricienne. Pour le Premier ministre, Navin Ramgoolam, toutes les garanties du monde ne serviront à rien si les gens ne connaissent pas leurs droits et si les lois censées les protéger ne sont pas appliquées.
L’objectif, précise Linley Couronne, président d’Amnesty-Maurice et principal animateur de la formation, est de faire mieux comprendre aux gens de la rue "cette affaire étrange et complexe que sont les droits humains dont ils entendent souvent parler dans les médias". "Cette notion leur passe au-dessus de la tête" même si, rappelle-t-il, Maurice a une tradition démocratique bien ancrée avec une presse parmi les plus anciennes au monde. "Mais, poursuit-il, c’est un fait que notre système éducatif n’encourage pas l’éducation aux droits humains, qui est essentielle pour faire progresser la société." Il s’agit simplement de "montrer aux humains à vivre comme des humains". Mais cela prend du temps pour apprendre à vivre et à se comporter en société, sans attitudes sexiste, raciste ou autres. "Avec ce cours, ajoute-t-il, les apprenants sont invités à regarder le monde avec les lunettes des droits humains et, à partir de là, à se remettre en question eux-mêmes."
Erreurs d’aiguillage
Plusieurs centaines de personnes se sont déjà rendues au centre depuis son inauguration en août dernier, pour chercher des informations, mais aussi pour porter plainte alors que le Centre n’a pas vocation à cela. Ces plaignants auraient dû se rendre à la police ou dans les autres instances spécialisées. "Elles viennent pour tous types de problème, des brutalités policières à la saisie de leurs biens pour non-paiement de dettes, rapporte l’officier responsable de l’accueil. D’autres souhaitent l’intervention du ministre dans des affaires judiciaires ; d’autres encore, surtout les proches de prisonniers, viennent demander qu’on transfère ceux-ci dans une autre prison.
Bref, résume-t-il, "elles confondent toutes le rôle du Centre, qui est de sensibiliser les Mauriciens aux droits humains, avec les instances qui ont le pouvoir de mener des enquêtes."
Il doit donc leur expliquer, par exemple, la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, avant de les aiguiller vers les bonnes instances. Le centre accueille aussi des étudiants en droit qui viennent faire des recherches à la bibliothèque ou participer aux conférences qui y sont organisées. Comme tous les visiteurs, ils repartent avec des exemplaires de la constitution de Maurice et de la Déclaration des droits de l’Homme, qui leur sont offerts gratuitement.
lundi 17 décembre 2007
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