...même si des suspiscions de dopage entachent le record de Bonds ! Comme d'habitude, les laboratoires de contrôles US n'ont rien trouvé mais les caricaturistes de Cagle se sont régalés !
Dès qu'il a tapé la balle, Barry Bonds a immédiatement su qu'il venait de battre le record détenu par Hank Aaron depuis trente-trois ans, en réussissant le 756e home run de sa carrière, mardi 7 août. Un home run (coup de circuit) permet au batteur d'expédier la balle au-delà des limites du terrain. C'est l'action la plus spectaculaire et la plus difficile au base-ball, qui demande une vitesse de coordination et une puissance de frappe hors normes.
Les bras levés en signe de victoire, la star des San Francisco Giants a observé la trajectoire de la balle qui est allée mourir dans les tribunes. Mike Bacsik, le lanceur des Washington Nationals qui venait de concéder le home run, n'a même pas pris la peine de regarder quand le coup est parti. Il savait. Lui aussi, venait de rentrer dans l'histoire du base-ball. "J'en avais rêvé, a-t-il plaisanté. Mais dans mon rêve, j'étais celui qui réussissait le home run."
En cette soirée, l'humeur était cependant loin d'être festive dans le monde du base-ball américain. Depuis quelques années, les exploits de Barry Bonds, 42 ans, sont entachés par des soupçons de dopage. Des accusations qui remontent au 3 septembre 2003, quand Victor Conte, le fondateur et président des laboratoires BALCO, a reconnu qu'il fournissait des produits dopants (la THG, un stéroïde de synthèse), depuis plusieurs années, à plusieurs athlètes, parmi lesquels la star de l'athlétisme mondial, Marion Jones, son mari Tim Montgomery, alors recordman du monde du 100 mètres, et Barry Bonds.
Le batteur des Giants a aussitôt nié, devant un tribunal, avoir pris sciemment des produits dopants. Un grand jury fédéral mène actuellement une enquête afin de savoir s'il a menti. En analysant l'évolution de la carrière de Bonds, il est pourtant difficile de ne pas douter de sa bonne foi. Excellent joueur dès ses débuts en 1986, meilleur joueur de la ligue de base-ball (MLB) en 1990, 1992 et 1993, le natif de Riverside en Californie, a attendu d'avoir 37 ans pour produire le meilleur base-ball de sa carrière.
"L'INCROYABLE HULK"
A un âge où les statistiques des batteurs déclinent, Barry Bonds a de nouveau été élu meilleur joueur de la ligue en 2001, 2002, 2003 et en 2004. Cet anachronisme n'a pas manqué d'intriguer ses partenaires qui, dès 1998, alors qu'il venait de prendre 15 kilos de muscles en trois mois, l'avaient surnommé secrètement "l'incroyable Hulk".
Pour autant, Barry Bonds n'a jamais été contrôlé positif à la moindre substance illégale. Les spécialistes soulignent que si la prise de stéroïdes permet de frapper plus fort et donc d'envoyer la balle plus loin, elle n'influe en rien sur la vitesse de coordination et sur la pureté du swing de Bonds. Le talent du joueur n'a jamais souffert de la moindre contestation. Seule son éthique est fortement mise en doute.
Pascal Giberné
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