vendredi 24 août 2007

Les châtiments corporels



Faut-il interdire la fessée?


Le Conseil de l’Europe bataille pour l’abolition de ce qu’il nomme «les châtiments corporels» dans les 47 pays qui le composent. Il s’appuie sur deux «recommandations», non contraignantes, datant de 2004 et de décembre 2006. Et s’apprête à lancer à l’automne une vaste campagne de sensibilisation «pour changer les mentalités».

Le terme de «châtiment corporel», qui sent la trique et le martinet, englobe également la fessée. Celle, par exemple, que les parents français ont tout à fait le droit de délivrer à leur enfant.


Actuellement, seuls seize pays interdisent ces gestes à l’école, mais aussi à la maison. La Suède fut la pionnière en 1979. Si nul n’a envie de justifier de sévères raclées, l’initiative du Conseil, pétrie de l’idéologie de la protection de l’enfance et de celle des droits de l’homme, risque de culpabiliser (au moins en France) des générations de parents.

«Devoir».

C’est l’un des chevaux de bataille de la secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe, Maud de Boer-Buquicchio. Lors de la 28e conférence européenne des ministres chargés des Affaires familiales, en mai 2006, la Néerlandaise défendait cette abolition, en invoquant le «devoir de protéger l’intégrité physique et psychologique» et «la dignité humaine de nos enfants». «Nous ne sommes pas autorisés à les frapper, les blesser et les humilier. Un point c’est tout. [.] Nous devons changer de mentalités et adapter nos lois en conséquence.»


En réalité, le Conseil prône en la matière la «tolérance zéro»: ni baffe, ni tape, ni claque, qui sont assimilées à des «mauvais traitements», des «humiliations» et autres «mutilations». Et, surtout, «aucune religion, croyance, situation économique ou méthode éducative» ne saurait les justifier. Ainsi, le commissaire aux Droits de l’homme, Thomas Hammarberg, dénonce-t-il les «concepts juridiquement déshonorants» de «châtiment raisonnable» et de «correction licite». Le Conseil de l’Europe se veut néanmoins rassurant: «Interdire les châtiments corporels dans le foyer familial ne veut pas dire engager des poursuites contre les parents, mais changer leurs comportements.» Des poursuites, il y en eut pourtant. Ainsi, en 1998, la Cour européenne des droits de l’homme sanctionnait un Britannique qui avait battu son beau-fils. Au Royaume-Uni, la justice avait justement considéré qu’il s’agissait là d’un «châtiment raisonnable».


Liens.

On trouve d’autres fers de lance dans cette croisade, qui est loin de se jouer au seul sein des institutions.

La psychanalyste et philosophe Alice Miller popularise depuis trois décennies l’idée qu’il n’y a pas de bonne fessée. Que la violence à l’égard des enfants génère la violence chez les adultes. En enregistrant le «message erroné», selon lequel «les enfants sont frappés pour leur bien», les parents nient la souffrance et enseignent le recours à la violence. «Les sanctions entraînent une obéissance à court terme, mais, à plus long terme, engendrent la peur, souvent déguisée en agressivité, soif de vengeance, haine, volonté d’être enfin au pouvoir, pour punir les plus faibles. Elles conduisent à un cercle vicieux», déclarait-elle à Libération, en 1999, lors de la création de l’association Eduquer sans frapper.


De son côté, après une recherche dans plusieurs services de traumatologie d’urgence auprès de 300 adolescents, le médecin Jacqueline Cornet a établi qu’il existe un lien entre «la violence éducative» subie et la propension à avoir des accidents.
Toute cette littérature se retrouve sur le site de l’association Ni claques, ni fessées , laquelle fait circuler une pétition pour la promulgation d’une loi «qui dise le droit de l’enfant à être élevé sans claques ni fessées, et le devoir du parent contrevenant de se faire aider dans sa tâche éducative».


Lors de sa prochaine campagne, le Conseil de l’Europe devra donc convaincre la majorité de ses membres qu’une tape sur la main ou une fessée sur la couche, comme la raclée au ceinturon, est toujours «un engrenage vers la violence». Au risque de diaboliser les parents et de brouiller le message.



Et un clin d'oeil à ma petite soeur Nicole, avec laquelle je m'associais pour arracher consciencieusement et discrètement, les lanières du martinet familial !


"Un manche, une poignée de lanière et une volée de souvenirs : le martinet, bras armé de la répression familiale, fait toujours causer, même s’il se fait beaucoup plus discret sur les rayons des quincailleries et autres drogueries. Longtemps, il fut indissociable de la fessée, s’attirant les ressentiments des victimes de raclées. Qui, un jour dans son enfance, n’a pas rêvé d’en couper les lanières, au risque de se voir administrer une rouste supplémentaire ?

«Mes parents en avaient un, et moi je tranchais les ficelles de cuir», raconte le quincaillier de la maison Parat, rue du faubourg Saint-Denis, à Paris (Xe). Depuis vingt ans, il a vu le commerce du martinet décliner; aujourd’hui, il en vend en moyenne «un par mois». «Les gens disent qu’ils l’achètent pour leur chien», explique le boutiquier, confirmant ainsi la tendance à revendiquer l’usage du martinet pour l’arrière-train de Médor ou de Félix. «Au final, dit un droguiste proche de la place d’Aligre, je n’irai pas vérifier si le martinet que je vends va servir à caresser les fesses de mémère ou de votre chien. Moi, j’en vends surtout au moment des fêtes de Noël. Les gens l’offrent en cadeau pour faire une blague.» Il ne faut pas négliger la persistance du caractère dissuasif du martinet, comme on le souligne à la Grande droguerie, à Lyon: «Il n’est pas vendu pour battre les enfants, mais pour leur faire peur.» Une cliente intervient: « J’en ai acheté deux; un pour moi, un autre pour ma fille, parce que notre petite-fille est terrible.» Même s’il est en déclin, le martinet reste présent dans les souvenirs. «Ne comptez pas sur moi pour faire la promotion de ce produit-là», proteste un droguiste rue du Cherche-Midi, à Paris (VIe), qui «en conserve un souvenir cuisant».
Il faut compter entre trois et cinq euros pour se procurer un martinet.
A Genas (Rhône), la maison Randu, grossiste, fournit 200 martinets à ses 3 000 clients, mais ignore leur provenance. Renvoyant vers un spécialiste en animalerie du Tarn, lequel indique l’adresse de son fournisseur en région parisienne. Qui, lui, dit vendre 10 000 martinets par an. Tous importés de Chine. " (liberation.fr)

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