lundi 27 août 2007

Le Québec et le français

Le Québec veut continuer à promouvoir l'usage du français
Par Florent Daudens (Journaliste) 14H16 27/08/2007
(De Montréal)

La Charte de la langue française a soufflé ses 30 bougies ce dimanche. Les reponsables politiques ont fêté dignement l'événement, mais la défense du français reste une question sensible dans la plus importante région francophone d'Amérique du Nord.
Le Premier ministre Jean Charest s'est fendu d’un billet vidéo, et l’Action démocratique du Québec d’une lettre dans Le Devoir.

Ce n'est pas le seul cadeau d'anniversaire: la famille souverainiste a marqué le coup en agitant les drapeaux du Québec lors d’une manifestation sous l’égide du Mouvement Montréal français. Les anciens Premiers ministres Jacques Parizeau et Bernard Landry, leur successeur à la tête du Parti québécois, Pauline Marois et son homologue fédéral du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, ainsi que plusieurs députés et représentants syndicaux.
Il faut dire que la Charte passe le cap de la trentaine sans rougir: 80% des enfants d’immigrants reçoivent une éducation en français, alors qu’ils choisissaient l’anglais dans 85% des cas avant la loi. Dans une province qui a accueilli plus de 45 000 immigrants en 2006, la francisation des nouveaux arrivants représente un enjeu crucial.

Au travail, 84% des francophones utilisent le français, alors que 97% des magasins affichent leurs produits dans la langue de Molière.
Le père de la Charte, Camille Laurin, était ministre du développement culturel sous le gouvernement de René Lévesque.
Ce psychiatre de formation voulait à l’époque remettre la langue française au cœur de la vie publique, mais aussi affirmer l’identité québécoise. Le préambule de ce texte, stipule d’ailleurs: "Langue distinctive d'un peuple majoritairement francophone, la langue française permet au peuple québécois d'exprimer son identité."

Cette charte, communément appelée loi 101, défend plusieurs points :
Imposer l'usage exclusif du français dans l'affichage public et la publicité commerciale; (langue de l'affichage commercial);
Étendre les programmes de francisation à toutes les entreprises employant 50 personnes ou plus; (langue du travail);
Restreindre l'accès à l'école anglaise aux seuls enfants dont l'un des parents a reçu son enseignement primaire en anglais au Québec; (langue de l'enseignement);
Seule la version française des lois est officielle. (langue de la législation et de la justice)

Adoptée par l’Assemblée nationale le 26 août 1977, alors que les souverainistes ont le vent en poupe, la Charte a causé une onde de choc dans la minorité anglophone. Celle-ci s’est depuis adaptée, puisque les deux-tiers des Québécois parlant la langue de Shakespeare maîtrisent également le français. La Charte a atteint ses objectifs, à tel point que la presse parle aujourd’hui de "paix linguistique".

Le bilinguisme menace le français
Mais la loi 101 est aujourd'hui victime de son succès. "On la tient pour acquise, et on est moins vigilant. Alors il y a moins de sensibilité et de mobilisation autour d’elle", déclare Louise Beaudoin, ancien ministre responsable de l’application de la Charte, dans une interview au Devoir.
Devenue professeur spécialisée dans les questions de francophonie, elle incite à ne pas baisser la garde. Des propos qui trouvent écho dans les paroles de Pierre Curzi, député du Parti québécois: "Il faut s'asurer que ce que les mots fierté, solidarité et souveraineté portent et résonnent longtemps dans l'histoire."

De son côté, le magazine L’actualité s’interroge dans sa dernière édition sur le bilinguisme des Québécois francophones. Benoît Aubin signe un article intitulé "Une charte sur un toit brûlant", dans lequel il se demande si les Québécois n'ont pas "raté le train" du bilinguisme.
Selon le magazine, 63% des francophones sont unilingues, tandis que 66% des anglophones maîtrisent le français. Quant aux allophones, la moitié d’entre eux maîtrisent trois langues et plus. Une situation qui contraste avec le maigre 6% d’allophones trilingues dans le reste du Canada.

La Fédération des travailleurs du Québec s’inquiète pour sa part que dans le secteur privé, environ la moitié des francophones qui travaillent dans les deux langues communiquent principalement en anglais.
Le syndicat a mis sur pied des comités de francisation, alors que Louise Beaudoin propose à cet effet d’imposer des normes de francisation aux entreprises de moins de 50 employés.
Au-delà de la langue, la question de la souveraineté
Jour d'anniversaire oblige, les Québécois ont aussi cherché le moyen d’éviter à la Charte de connaître la crise de la trentaine. Pour le Parti Québécois, l’avenir du français dans la province passe par la souveraineté.
L’Action démocratique du Québec propose de son côté d’enchâsser la loi 101 dans un projet de constitution québécoise, conformément à sa position autonomiste.

sur :
http://www.rue89.com/

1 commentaire:

Nicole a dit…

Ah que tu es gentille !!! Merci et en plus j'ai appris plein de choses. Je t'envoie un gros câlin ''ben'' (prononciation: bin en québecois) fort !!!