Un article en clin d'oeil pour Nico qui m'a raconté ses 20 ans, ses cheveux longs, sa rebellion et son désir de voyager en cargo entre Panama et l'Australie ! Son voyage s'est arrêté aux Antilles mais que le rêve fut joli ! J'ignore si mon goût de la contemplation ne serait pas mis à mal par ces journées à combler..
Catherine Domain, qui tient à Paris la librairie Ulysse, consacrée aux voyages, ne fait rien pour encourager les vocations. "Le voyage en cargo, c'est l'éloge de la lenteur, poursuit-elle. Il faut se suffire à soi-même, emporter des livres et savoir passer du temps à contempler la mer, car il n'y a pas d'animateur à bord. C'est un type de voyage qui ne convient pas à tout le monde."
La libraire accueille depuis longtemps, dans sa boutique, de nombreux voyageurs qui rêvent d'embarquer un jour sur un cargo. Pour leur faciliter la tâche, elle a créé, il y a quatorze ans déjà, le Cargo club.
Le premier mercredi de chaque mois - sauf en janvier -, les passionnés se réunissent devant la librairie située sur l'Ile-Saint-Louis, en plein coeur de Paris. "Chacun est tenu d'apporter une bouteille qu'il dépose à l'intérieur. Mais la discussion se fait dehors, quel que soit le temps", raconte Mme Domain.
Ce mercredi 6 décembre, malgré la fraîcheur, une trentaine de personnes sacrifient au rite. Un verre en plastique à la main, les voyageurs en herbe se confient. Olivier, 29 ans, aurait aimé faire un New York-Le Havre. Il imaginait la traversée comme "un peu roots, mais pas trop chère". Il est déçu d'apprendre que les cabines situées à bord des porte-conteneurs sont désormais très confortables et que les prix sont d'autant plus élevés.
Claude, 68 ans, "rêve depuis longtemps d'un voyage au bout du monde avec un copain". Lui aussi a une image en tête : "le Sirius, le bateau qu'on voit dans les albums de Tintin". France, 65 ans, se tient si droite qu'on pourrait la confondre avec une paroissienne de Saint-Louis-en-l'Ile. Mais elle affiche fièrement ses deux voyages, "un petit en Méditerranée, en 2003, et un long l'an dernier, pour rejoindre le Chili où (elle a) une amie".
Le voyage en cargo n'a rien à voir avec une croisière. Il s'effectue le plus souvent sur l'un de ces énormes porte-conteneurs qui sillonnent les mers. Quelques-uns de ces navires proposent des places à des voyageurs, dont le nombre est sévèrement limité : "pas plus de douze par bateau, c'est une règle de la marine marchande. Car au treizième, il faut un médecin à bord", indique Mme Domain.
Les compagnies admettent les passagers jusqu'à l'âge de 79 ans, voire 85 ans pour certaines d'entre elles. Les personnes de plus de 65 ans doivent présenter un certificat médical les déclarant aptes à naviguer.
Les passagers sont traités comme des officiers, ce qui, sur un bateau, revêt une grande importance, compte tenu de la hiérarchie très marquée entre officiers, sous-officiers et matelots. Les cabines sont spacieuses et disposent souvent d'un petit salon adjacent. Les voyageurs sont admis sur la passerelle, le pont des officiers, ainsi qu'à leur table. Certains navires disposent même d'une petite piscine et d'un sauna.
Il importe toutefois de se conformer aux règles édictées par le commandant, seul maître à bord. Lorsque France a embarqué pour l'Amérique du Sud, on l'a placée à table le premier jour "et c'était ma place jusqu'à la fin du voyage, que je m'entende avec mes voisins ou pas", se souvient-elle.
PLUS CHER QUE L'AVION
Les routes proposées par les compagnies sont très diverses, du voyage d'une semaine en Méditerranée ou en Baltique à la traversée Le Havre-Sydney d'une durée de 41 jours, en passant par les parcours plus classiques vers New York ou Buenos Aires. Les escales ne sont pas forcément nombreuses, toujours courtes et jamais à vocation touristique. Elles doivent permettre à l'équipage de procéder aux opérations de déchargement, chargement et ravitaillement. Pour les passagers, il n'est pas à chaque fois possible de mettre pied à terre.
Le cargo est bien plus cher que l'avion : il en coûte à chaque voyageur "de 65 à 128 euros par jour", selon Catalina da Silva, consultante spécialisée, qui met chaque année en relation environ 150 touristes avec des compagnies maritimes. Mais le prix comprend le voyage, comme la cabine et les repas. Les passagers bénéficient à bord d'une franchise de bagages de 100 à 150 kg, "à condition de ne pas avoir deux malles de 50 kg chacune, car il faut les transporter à bord et l'équipage n'est pas là pour aider", souligne Mme da Silva.
Un autre opérateur, l'agence Mer et voyages, organise environ 500 voyages par an. "Les passagers sont invités à réserver plusieurs mois à l'avance, et même un an avant pour un tour du monde", précise Françoise de Tailly, sa directrice.
Contacts : Cargo club, Librairie Ulysse, 26, rue Saint-Louis, en, l'Île, 75004 Paris.
Catalina da Silva
01-45-35-49-88 ; http://www.cargo-voyages.com/ Mer et voyages
01-49-26-93-33 ; http://www.mer-et-voyages.com/
Olivier Razemon
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