samedi 4 août 2007

Nouveau pont à Venise

Venise s'offre un nouveau pont

De notre correspondant à Rome RICHARD HEUZÉ.(lefigaro.fr)
Imaginé par Santiago Calatrava, il passera au-dessus du Grand Canal l'an prochain.


SANTIAGO Calatrava, l'architecte catalan qui a réalisé, entre autres, le terminal de Lyon-Satolas, est honoré deux fois cet été en Italie : une première, à Rome, dans une belle exposition sur son oeuvre de designer, de sculpteur et de céramiste, au Musée des Écuries du Quirinal *. Une seconde, à Venise, où le projet de passerelle aérienne qu'il avait conçu en 1996 voit le jour.


Les deux piliers de soutènement, de 85 tonnes chacun, ont été amenés par chaland dans la nuit du 27 au 28 juillet sur le Grand Canal, au terme d'un périple à couper le souffle. Le troisième élément, la travée centrale, longue de 64 mètres et pesant 250 tonnes, sera acheminée dans la nuit du 7 au 8 août. La pose de l'ouvrage et sa finition devraient prendre le reste de l'année. Ce pont sera opérationnel l'an prochain. Sept minutes seulement seront nécessaires pour se rendre à pied de Piazzale Roma, où les cars débarquent les voyageurs, à la gare ferroviaire. Long de 94 mètres et large de neuf en son milieu, muni d'une rampe parcourue par une nacelle pour transborder les handicapés, il répond à une nécessité : discipliner les flux touristiques à l'entrée de la ville.


Grand constructeur de ponts et spécialiste d'une architecture tubulaire d'une agréable légèreté, Calatrava a choisi pour la Sérénissime des matériaux les moins « envahissants » possible : l'acier, le verre, le marbre, le cuivre. Ce pont sera seulement le quatrième sur le Grand Canal, après le célèbre Rialto achevé en 1591, la passerelle (provisoire) en bois posée en 1932 face au Musée de l'Académie (et refaite en 1984) et le pont dei Scalzi, près de la gare ferroviaire, qui date de 1934. Fortement voulu par le maire de Venise, l'ouvrage constitue un trait d'union entre un passé prestigieux et les besoins du temps présent.


Onze années de gestation


« Enfin une oeuvre d'un grand architecte contemporain. Venise en avait grand besoin, après l'échec du projet d'hôpital conçu par Le Corbusier dans les années 1950 et qui n'a jamais abouti », se félicite la conseillère municipale aux travaux publics Mara Rumiz. L'inévitable bataille entre défenseurs du passé et tenants de la modernité, quelques erreurs de calcul qui ont diligenté une enquête de la Cour des comptes, des litiges entre entreprises de construction et des normes rigides à l'excès expliquent les onze années de gestation. Quant au coût, il est passé de 7 à 11 Meur. Un prix élevé pour une passerelle. Reste à souhaiter qu'elle s'intègre dans le paysage. Le critique d'art Vittorio Sgarbi s'en préoccupe : « Au premier coup d'oeil, les structures paraissent imposantes. L'impact visuel risque de ne pas être indifférent. »


Quoi qu'il en soit, la mairie a mis en chantier une autre passerelle pour relier les parkings de la gare maritime à la ferroviaire. Elle sera parcourue par un train automatique à crémaillère. Le projet, confié à l'architecte italien Giovanni Coco, devrait être livré fin 2008.


* Jusqu'au 2 septembre : « Santiago Calatrava, des formes à l'architecture », au Musée des Écuries du Quirinal à Rome. www.scuderiequirinale.it



Le transport de nuit des éléments du pont arrive même à être beau dans un tel décor ! Rire

2 commentaires:

Anonyme a dit…

N'y a-t-il donc plus d'architecte à Venise qu'il faille faire appel à un architecte espagnol ? Un "beau" pont, je veux dire respectueux de l'architecture traditionnelle vénitienne (tel celui des Scalzi, qui ne date que de 1934), n'est-il plus réalisable de nos jours ? A quand le premier immeuble-tour pour faire pendant au Campanile ?

Guillermo JULLIAN a dit…

lien vers un blog sur l'œuvre et les archives de l'architecte franco chilien Guillermo Jullian de la Fuente collaborateur de Le Corbusier de 1958 à 1965.

https://guillermojullian.wordpress.com/