Le bord de mer et les phares.. ils sont pour moi les symboles de la solitude, de la rudesse, de la sauvegarde . Lorsque l'un d'entre eux est abandonné, c'est un peu de notre art de vivre et de notre culture qui meurt..Ca me serre le coeur !
"Ce phare est illustre dans le monde; il s'appelle le Planier": évoqué en 1927 par Albert Londres, convoité par les plongeurs pour ses nombreuses épaves, le Planier, au large de Marseille, est 80 ans plus tard un monument historique à l'abandon.
A une heure de navigation du Vieux-Port, visible de la côte, l'île du Planier garde l'entrée de la rade. Depuis la première tour à feu en 1320, le phare, détruit en 1944 par l'occupant allemand et reconstruit en 1959 par l'architecte André Arbus grâce aux dollars du plan Marshall, se dresse à l'horizon.
Habité jusqu'à la seconde guerre mondiale par les familles de gardiens, l'îlot rocheux, privé d'eau et d'électricité, a été rendu au seul vent du large en 1992, au départ de ses dernières vigies.
Dès lors, quelques amoureux de l'île réunis dans l'association "Mer et Soleil" imaginent d'y installer un centre de plongée. "Le Planier est la Mecque de la plongée. C'est toute ma jeunesse et le souvenir de la récupération des oranges lors de l'échouage du cargo marocain Chaouen, le 21 février 1971", raconte avec regrets Aimé Bergero, qui, à 72 ans, tient un restaurant de poissons dans les calanques.
De 1992 à 2004, cette poignée de passionnés, aidés par la mairie de Marseille, tente de remettre en état les bâtiments inachevés et largement pillés. Objectif: accueillir les plongeurs venus découvrir les riches fonds marins, constellés de nombreuses épaves, y compris un avion allemand Messerschmitt, abattu en mars 1944.
Mais, condamnés en 2000 par la justice pour avoir occupé et aménagé sans titre des bâtiments jugés dangereux, les plongeurs doivent quitter l'île en décembre 2004. "Nous assurions une présence sur l'île 24 h/24, nous la protégions", s'emporte M. Bergero.
Aujourd'hui, à part les gabians (goëlands) et les fonctionnaires des Phares et Balises, qui tous les trois mois viennent entretenir le phare alimenté par panneaux solaires, "il n'y a plus âme qui vive", soupire M. Bergero.
Un panneau et un grillage interdisent désormais de pénétrer dans les constructions, même si, comme le précise un employé des Phares et Balises, "l'accès à l'île est libre, car c'est le domaine public maritime".
Les amis de M. Bergero "y montent" chaque semaine, apporter des croquettes à Titi et Nina, deux chiennes qui n'ont jamais vécu ailleurs. "A notre départ en 2004, la SPA les a capturées. Les deux chiennes ont fait tellement de raffut au refuge qu'on nous a gentiment autorisé à les rapatrier sur leur île", raconte avec malice le restaurateur.
L'îlot de deux hectares, un temps lieu d'entraînement du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), a pourtant suscité d'autres projets.
"De même qu'en croisant Ellis Island à l'entrée de New York, des millions de migrants ont clamé +America+, de même des centaines de milliers d'autres ont aperçu au loin +Marsilia+, synonyme de denrée aussi précieuse que l'air, nommée liberté", écrit Jean Kehayan, auteur et journaliste marseillais.
S'inspirant du musée new-yorkais de l'immigration installé à Ellis Island, Jean Kehayan rêvait de voir s'élever sur le Planier un musée à la mémoire de "tous ces migrants qui ont peuplé Marseille". Un projet voisin, baptisé Cité nationale de l'histoire et de l'immigration, "va bien voir le jour, mais à Paris, Porte Dorée", constate, un brin déçu, M. Kehayan.
Consolation pour ce dernier, une plaque "Planier, phare de la Liberté", gravée en 2006 lors de la remise à Marseille du Prix Albert Londres, va y être posée - "en septembre", assure-t-il.
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1 commentaire:
Y en a pas un de Breton qui fait office de gâteau....d'anniversaire? Rires
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