dimanche 16 septembre 2007

L'art aborigène enfin reconnu



Cet art n'existe pourtant que depuis les années 1970, lorsqu'un instituteur, Geoffrey Bardon, a proposé à des enfants, puis des adultes, de peindre sur toile leurs "rêves". Ces mythes de création étaient auparavant racontés par les peintures de sable ou sur écorce, les objets gravés ou les tatouages.

Lacis de points colorés, de cercles, de méandres, ces oeuvres sont très figuratives pour les initiés car elles racontent toujours une histoire liée à l'univers primordial. A l'oeil occidental, elles plaisent au contraire par leur abstraction."En Australie, elles peuvent atteindre des prix hallucinants", affirme à l'AFP Stéphane Jacob, galériste spécialisé dans l'art aborigène qu'il présente actuellement à Paris lors de Parcours des Mondes, un rassemblement de galéristes internationaux spécialisés dans les arts premiers.

En France, "il y a six ou sept ans, tout le monde s'en fichait complètement", dit-il. Puis il y a eu des expositions dans des institutions, des artistes aborigènes sont venus peindre des oeuvres pour le musée du quai Branly.

"Tout cela a contribué à créer une curiosité, mais aussi un engouement", ajoute-t-il.Aujourd'hui, quelques galeries spécialisées ont ouvert, de même qu'une maison d'enchères, Gaïa, qui ne vend que des arts premiers. Une petite dizaine d'expositions sont actuellement organisées en Ile-de-France et Paris recevra la semaine prochaine une Sydney Aboriginal Art Fair.

Il y a en effet un "début de collectionnite", affirme Nathalie Mangeot, commissaire-priseur et fondatrice de Gaïa. Lors de sa première vente en art aborigène, en juin, des oeuvres d'artistes reconnus comme Clifford Possum Tjapaltjarrimmene ou Emily Kame Kngwarreye, qui représentait l'Australie à la Biennale de Venise en 1997, sont parties à plusieurs milliers d'euros.

Il y a "quelques collectionneurs en Europe mais ce sont pour l'instant surtout des gens amoureux de l'Australie", dit-elle. Le "marché est trop jeune pour que cela soit de la pure spéculation. Mais les prix vont monter", assure-t-elle.

On peut "commencer à se faire plaisir entre 600 et 1.500 euros", dit M. Jacob. Christian Leroy, collectionneur, confirme qu'un enseignant comme lui "peut encore acheter de belles pièces".Mais en Australie, dont les 400.000 Aborigènes ne sont reconnus citoyens que depuis 40 ans, le marché connaît un essor considérable.

En juillet, une oeuvre de Clifford Possum a été vendue chez Sotheby's à Melbourne 1,5 million d'euros, record absolu. Une oeuvre d'Emily Kame Kngwarreye est partie au même prix en vente privée."Tout ce qui est produit par un artiste aborigène est immédiatement vendu en Australie", dit M. Jacob.

"Il y a même un marché véreux, avec des +carpetbaggers+ qui profitent des artistes", les sous-payant ou les faisant travailler à la chaîne, ajoute-t-il.La provenance de l'oeuvre est le premier problème auquel sont confrontés aujourd'hui les marchands sérieux. M. Jacob ne travaille qu'avec des centres d'arts. Sotheby's refuse certaines provenances. Gaïa a son expert qui n'achète qu'aux artistes qu'il connaît.En Australie, c'est le Sénat qui a ouvert une enquête pour structurer le marché.


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1 commentaire:

Bertrand a dit…

Bonjour,

Si ces tableaux figurent chez vous, je vous félicite. C'est en effet une belle composition de l'école de Papunya il me semble...

Texte intéressant. Je comprends l'enthousiasme de plus en plus marqué pour ces talentueux artistes.

Bàv,
Bertrand