samedi 1 septembre 2007

De l'assassinat pur et simple


Je viens de passer quelques minutes entre incrédulité et sourire : je lisais la critique gastronomique du FigaroScope .L'article est si assassin que je me demande ce que va faire le restaurateur ! Se faire hara kiri à l'aide d'un ciseau à ongles ou tenter une overdose de saucisses de Francfort ? Boudi, on ne se remet pas de ce genre de critiques ou alors faut bosser dur !


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Bar des Théâtres, le mauvais goût français

François Simon (mercredi 4 juillet 2007)


Dans l’exquise avenue Montaigne, irrésistible de shopping carbonisateur, les tables se font rares, et pour cause, on imagine tout de suite que le millimètre de canapé ou de croque-monsieur doit valoir le prix du diamant. Pourtant, ici et là, il y a quelques adresses bien troussées à l’instar de l’Avenue, de la Maison Blanche et de l’incomparable Relais Plaza, sans oublier le prévisible trois étoiles d’Alain Ducasse. Et puis, au numéro 6, l’inusable Bar des Théâtres. Avait-il vraiment besoin d’être immortalisé dans Fauteuils d’orchestre ? Car il appartient à ces tables confites dans l’inconscient parisien. Précisément, allons voir dans quel état marinent les limbes de nos mémoires.


La table.

Cela fait tout de même bizarre de voir l’allure de ce restaurant dans une avenue aussi distinguée. C’est limite self, voire légèrement en dessous avec des nappes en papier orange délavé, des couverts en inox antédiluviens. Il manque juste les verres en Duralex, le sel et poivre en dosettes. L’ensemble du restaurant dans ces atours irrésistiblement vintage est tout de même un peu approximatif dans son hygiène, dans ses atours balançant entre faubourg Saint-Antoine années 1960 et Matignon 1965.


La salade.

Oh celle-là, elle ne se foule pas. Juste un transit entre le vrac industriel et l’assiette. Rien d’autre, le minimum syndical, à l’instar de cinq asperges alignées distraitement. À la carte, il y a des asperges «du jour» facturées à 15 €; d’autres, pas du jour, à 12 €. Cela doit mettre en joie plus d’un observateur. Elles sont en tout cas désolantes de banalité, mais soyez rassuré, bien mieux qu’à la table voisine où de riches Madrilènes se jouent la pénitence avec une assiette de haricots verts aussi appétissante qu’une boîte de vieux lacets. Même le pain est gagné par la morosité ambiante : terne et mal coupé.


Le tartare.

En voyant la tête de mon invitée, venue d’un Orient extrême, j’ai compris qu’il fallait surjouer le kitsch du lieu, la poésie du bitume, la gouaille des aliments, leur laisser-aller sympathique, l’anarchisme d’un goût rebelle et délibérément autodestructeur. Mais, sincèrement, au-dessus des assiettes, c’était la consternation, rien d’appétissant. Même les pommes de terre donnaient dans la patate. Il n’y avait pas de goût, le tartare ne rentrait pas dans le jeu. Dans ces cas-là, on arrête l’ivresse du paradoxe, la resplendissance dans la divergence ; la cuisine a la dent creuse, l’haleine douteuse, le drapeau ne flotte plus.


Tarte tatin.

Y en a plus ?! Bon, va pour la mousse au chocolat. Avant même qu’elle arrive, j’aurais pu vous faire son portrait de guichet fermé. Son côté résistant, buté, rétracté, revêche, hermétique. Se laissant pelleter à la cuillère, les yeux clos et les poignets serrés. Il y a des moments où il faudrait aller enterrer les plats, leur dire une petite prière et se demander ce qui a bien pu se passer (tu parles).


MAIS ENCORE
La clientèle.

Heureusement qu’elle est là, jouant Paris, l’illusion, la gaîté neurasthénique du shopping. Elle parle fort pour oublier le silence des nourritures, regarde parfois les plats dans les yeux et continue comme l’on voit parfois sur la route des accidents sans s’arrêter.


Faut-il y aller?

Vous plaisantez ou quoi ? Nonooon.


Est-ce cher?

132,30 € avec une coupe de champagne pour y croire, c’est violent.

François Simon


Bar des Théâtres.

6, avenue Montaigne, VIIIe.

Tél.: 01 47 23 34 63.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

fichtre c'est ce que l'on appel un suicide en public !
mais ceci dit celà remet parfois un peu les pendules à l'heure car certains etablissements se croient tout permis à n'importe quel prix !

Anonyme a dit…

C'est ce que j'adore chez François Simon : sa rigueur de jugement. On trouve sur son blog Simon~Say ! l'essentiel de ses critiques... un régale !