samedi 8 mars 2008

Daumier si moderne !


Image 1 :
« Avis aux amateurs ». Paru dans Le Charivari du 22 novembre 1871.
Cette caricature d'Honoré Daumier dénonce les dangers de la « démocratie directe », qui constitue un piège lorsqu'elle se traduit par l'abandon de la souveraineté du peuple à un homme.
Image 2 :
Tiens peuple, tiens bon peuple, en veux-tu en voilà ! "
Cela ne vous rappelle pas fâcheusement quelqu'un ? :-)


"Le pouvoir d'achat ? Voyez Daumier ! L'insécurité ? Daumier. Les mal-logés ? Daumier vous dis-je ! Un siècle et demi après la publication de ses caricatures dans la presse de l'époque, notamment Le Charivari, les problèmes dénoncés par Honoré-Victorin Daumier (1808-1879) n'ont pas pris une ride. Ce que montre l'exposition, pédagogique à souhait, présentée à la Bibliothèque nationale de France à travers environ 200 lithographies, sur les 4 000 de sa production.

Daumier journaliste vaut Daumier le peintre. C'est l'avis de l'historien Jules Michelet qui lui écrit : "Vous seul avez des reins." Nous sommes en 1851, et Michelet vient d'être renvoyé de sa chaire au Collège de France. Daumier publie la caricature de son remplaçant, un moinillon paillard imaginé par Dumas, le Père Gorenflot. Ce dernier prêche devant un amphithéâtre vide. Impossible de ne pas penser au débat sur l'enseignement du créationnisme aux Etats-Unis, ou à ceux, plus proches de nous, sur les sectes.



Daumier est dangereux. Dans son Daumier, l'art de la République, remarquable étude de la fortune critique de l'artiste, Michel Melot rapporte que, lors d'une exposition en 1996 à l'Assemblée nationale, les collaborateurs du président de l'Assemblée, Philippe Séguin, avaient cru bon de censurer dans le catalogue le Ventre législatif, représentant l'Hémicycle et son président bedonnant.
Daumier traite également des problèmes de transports en commun (les wagons de troisième classe), que les banlieusards d'aujourd'hui apprécieront, et même de la tabagie dans les lieux publics, avec un mufle ventripotent qui fume son cigare sous le nez d'une frêle jeune femme. Il brocarde les juges aux ordres, les avocats plus soucieux de leur prestige que de l'intérêt de leurs clients, les politiciens de tout poil, et, à travers la figure de Macaire, les affairistes et les parvenus. Ou encore des "bavures policières", que la notice de l'exposition qualifie, un peu abusivement, l'extraordinaire dessin représentant les Massacres de la rue Transnonain.
Mais ses charges les plus subtiles vont à Foutriquet. Ainsi ses opposants avaient-ils baptisé le chef du gouvernement Adolphe Thiers. "Un brouillon intéressé et l'un des êtres qui ont le plus contribué à déconsidérer et avilir le gouvernement", selon un témoignage du temps, capable des plus grandes vulgarités. En 1837, il alla jusqu'à montrer ses fesses aux invités d'un préfet. Des manières heureusement révolues...



"Daumier. L'écriture du lithographe", Bibliothèque nationale de France, 58, rue de Richelieu, Paris-2e.


Entrée : 7 €. Du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures ; dimanche de 12 heures à 19 heures. Jusqu'au 8 juin.Catalogue 192 p., 36 €.


Lire aussi Daumier, l'art et la République, de Michel Melot, éd. Les Belles Lettres-Archimbaud, 280 p., 23 €.
Harry Bellet





Et aussi :



http://www.ordre.pharmacien.fr/daumier/accueil.asp
L'Ordre des pharmaciens propose une expo sur Daumier et la santé

Aucun commentaire: