jeudi 14 février 2008

Vous avez dit " parité " ?




http://www.rue89.com/2008/02/13/inegalite-homme-femme-la-parite-attendue-en-2065
Inégalité homme-femme: la parité attendue en 2065
Par Caroline Vigoureux (Etudiante en journalisme)


J'ai cru avoir mal lu la date! J'ai relu l'info et j'ai éclaté de rire..La parité n'existera jamais. C'est un leurre ! La compétence n'a pas de sexe ! Pourquoi l'obligation de virer des hommes pour imposer des femmes ? L'idéal sera quand - pour un poste - le recruteur ne tiendra aucun compte du sexe du candidat...et ça, c'est pas gagné !


Un passage - parmi d'autres - a retenu mon attention :


"Pour l’économiste Hélène Périvier, auteure du livre "Le Deuxième âge de l’émancipation", la différence de salaires entre les hommes et les femmes, s’explique dans la majorité des cas par un écart du temps de travail: les femmes travaillent moins que les hommes"
Oups ! Oups! Je m'étrangle d'indignation !


Et voici le texte proposé par une lectrice de l'article :
"Comme il est question de 2065, je poste ce texte de Victor Meunier, extrait de « La Science et les savants en 1867 », IV, p. 253 à 258, Paris Germer-Baillère, Libraire-Editeur, 1868.


En 2 siècles il y a eu certes des progrès mais il reste du chemin à parcourir l'émancipation des femmes, toutes les femmes, et celle de tous des hommes...
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LES FEMMES DOCTEURS - MISS ELISABETH BLACKWFVL.
Le Journal de Boston nous apprend que les médecins de cette ville viennent d’organiser une ligue contre l’admission des femmes dans la profession médicale. « Aux écrits dirigés contre cet envahissement les faits succèdent » écrit la susdite feuille, et elle ajoute qu’après une longue discussion, « la Société de médecine du comté de Philadelphie a résolu à l’unanimité que la dignité professionnelle s’oppose à ce que les membres de cette compagnie donnent aucun encouragement aux dames médecins et, consentent à se trouver en consultation avec aucune d’elles. »
Ces résolutions intolérantes donnent une assez haute idée des progrès que l’institution contre laquelle elles sont dirigées a faits dans ces derniers temps aux Etats-Unis. New York possède depuis plusieurs années déjà une Académie de médecine entièrement composée de dames. Boston a son collège médical féminin : The New England medical college. Les chaires en sont occupées par des dames qui toutes ont conquis le grade de docteur. C’est une dame qui démontre les opérations obstétricales. C’est encore une dame qui dirige les travaux anatomiques. Au Collège est annexé un hôpital pour les femmes et les enfants.
L’Angleterre et la Russie ont suivi l’exemple des Etats-Unis. On cite entre autres madame Garetta, obtenant du Collège médical de Londres un diplôme qui lui permet d’exercer la profession médicale. Saint-Pétersbourg comptait il y a trois années trente jeunes filles, qui suivaient les cours de son école de médecine.
Ce mouvement qui embrasse aujourd’hui les deux mondes a été créé par une dame anglaise de naissance (elle est née à Bristol) et que l’émigration a faite américaine. Son père, chargé d’enfants, s’expatriant avec tous les siens, était allé chercher la fortune aux Etats-Unis ; il y trouva une mort prématurée. L’aînée des orphelines, miss Elisabeth Blackwell, toute jeune encore, se trouva être le seul appui de neuf personnes. Elle ne s’en effraya point. Dès cette époque elle avait formé le dessein d’étudier la médecine. L’ambition d’élargir le champ de l’activité féminine, la conviction que dans beaucoup de maladies le ministère d’une femme serait préférable à celui de l’homme : tels étaient ses mobiles. Mais elle s’interdit d’obéir à ce que nous pouvons aujourd’hui appeler sa vocation avant d’avoir rempli dans toute leur étendue les devoirs que lui imposait sa situation de chef de famille. Elle ajourna donc son projet jusqu’au temps où ses enfants, je veux dire ses frères et ses sœurs, seraient en état de se passer d’elle. Elle ouvrit une pension, la dirigea pendant sept années et ne se retira qu’après avoir assuré l’avenir de chacun des siens.
On se rappelle combien l’entrée de mademoiselle Blackwell dans la famille d’Esculape excita dans notre heureux pays la verve caustique des écrivains de la presse médicale. Une femme docteur ! quelle intrusion ! et je ne suis pas certain que vous même, Madame (si une dame me fait l’honneur de me lire), vous trouviez parfaitement raisonnable que les femmes, après avoir, dans ces dernières années, usé de tant de chapeaux de formes différentes, essaient à la fin du bonnet de docteur. Je reconnais d’ailleurs qu’il y a ici matière à discussion, mais on m’accordera que la critique ne serait ni sérieuse ni équitable si, de l’exemple excentrique que mademoiselle Blackwell a donné aux personnes de son sexe, on séparait l’exemple héroïque que cette jeune mère de neuf enfants adoptifs a donné à tout le monde.
C’est en 1843 qu’ayant rempli jusqu’au bout les devoirs qu’elle s’était imposés, cette femme remarquable se jugea libre de disposer d’elle-même comme elle l’entendait.
Mademoiselle Blackwell se mit aussitôt à l’étude du grec, et du latin ; elle y consacra deux années. Lorsque, ses études littéraires étant achevées, elle se présenta aux cours publics, l’accès lui en fut interdit. Cet obstacle, étant prévu, ne pouvait la décourager ; elle eut recours à des maîtres particuliers. C’est le docteur Allen qui lui enseigna l’anatomie. Sa persévérance et le respect qu’elle inspirait finirent par lui ouvrir la Clinique de l’hôpital Blockey de Philadelphie. Plus tard, elle fut admise à suivre les cours du Collège médical de Genève à New York. Elle subvenait à ses dépenses et aux frais de ses examens en donnant des leçons d’anglais et de musique.
C’est dans cette dernière ville qu’en 1849 mademoiselle Blackwell fut reçue docteur. Sa thèse inaugurale roulait sur les maladies des gens de mer. La Faculté trouva cette œuvre assez remarquable pour décider qu’elle serait imprimée à ses frais. L’année suivante, la doctoresse visita l’Angleterre où elle reçut l’accueil le plus distingué. Elle vint à Paris, comptant suivre nos cours si libéralement ouverts à tout le monde, les femmes exceptées. On y mit la condition inacceptable, honteuse, honteuse, pour ceux qui la posaient, que mademoiselle Blackwell prendrait le costume masculin. Elle put cependant sans déguisement étudier à l’hôpital de la Maternité les maladies des femmes et des enfants.
Nous avons eu l’honneur de la revoir parmi nous en 1859. A cette époque New York possédait depuis trois années déjà une académie de médecine, exclusivement consacrée au sexe féminin. Plusieurs femmes intelligentes et courageuses, marchant sur le s traces de mademoiselle Blackwell, avaient à leur tour conquis le diplôme de docteur. Une de ses sœurs, mademoiselle Emilie, était du nombre. Mademoiselle Elisabeth Blackwell n’était donc plus seule, et elle avait un mérite inappréciable ; elle avait réussi. Aussi excita-t-elle un véritable enthousiasme, lorsqu’au mois de juin de l’année précitée, elle ouvrit à Londres un cours public. Ce cours avait pour but de mettre en relief les avantages que la profession médicale offre aux femmes capables intellectuellement et moralement de l’embrasser, et l’étendue des services qu’elles peuvent rendre dans l’exercice de la médecine. A peine la première séance était-elle terminée, qu’une des assistantes convoquait chez elle un meeting pour y discuter la proposition de fonder un hôpital école ; lady Byron, veuve du grand poète, offrait de contribuer à l’œuvre par le don d’une maison ; une autre dame était prête à verser immédiatement une souscription de 5,000 livres (125,000 fr.), et à fournir une rente annuelle de 300 livres. La réception de madame Garetta au grade de docteur prouve que ce beau feu n’a pas été un feu de paille.
Je ne suis pas de ceux qui y trouvent à redire. Je crois bien avoir lu tout ce qui a été, écrit contre les femmes médecins, la critique ne m’a pas converti. Plus j’y réfléchis, plus je suis persuadé, au contraire, que mademoiselle Blackwell a ouvert aux femmes capables de hautes études une carrière où elles s’engageront avec profit pour les autres et pour elles-mêmes. Je ne vois aucune raison non pour que cette carrière leur soit interdite, cela va de soi, mais pour qu’elles se défendent à elles-mêmes d’y entrer. Cela soit dit uniquement pour qu’on ne m’accuse pas d’éluder une question réputée délicate, car l’espace me manquerait pour la traiter.
La seule conclusion que, pour le moment, je veuille tirer de ce qui précède, c’est qu’après les succès obtenu, par la grande doctoresse américaine et ses imitatrices déjà nombreuses, dans une sphère d’études d’un ordre aussi élevé que la médecine, il devient tout à fait superflu de démontrer que l’aptitude scientifique n’est pas l’attribut exclusif de l’homme. Les faits parlent. Je les enregistre avec, satisfaction, mais sans m’en exagérer la valeur : je n’avais pas attendu qu’ils se produisissent pour être convaincu que les deux sexes ne forment pas deux espèces. Si éloquents qu’ils soient, ils ne m’apprennent rien. Ce qui, au contraire, me parait nouveau, et plein d’enseignement, c’est le goût qu’un si grand nombre de femmes, et un nombre rapidement croissant, témoignent de nos jours pour les choses de la science. Elles soutiennent de leurs deniers l’Association scientifique pour l’avancement des sciences ; elles honorent ses réunions de leur présence, ce qui explique pourquoi ces réunions sont si courues ; elles ont fait le succès des conférences de, la Sorbonne, du Conservatoire de musique, de l’Athénée. Voilà le nouveau, et l’une des plus grandes nouveautés du siècle. Peut-être aurai-je l’occasion de dire comment, à mon avis, c’est-à-dire dans quel sens et de quelle heureuse façon l’accession des femmes à la science influera sur les tendances de celle-ci et par suite sur l’avenir de la société."

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