jeudi 14 février 2008

Carton rouge à la SNCF


J'ai tenté de vous présenter l'anecdote sous différents angles mais ma conclusion reste la même :

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.


Episode 1 : Que s'est-il passé ?


Le 2 février, alors que le TGV qui doit relier Bourg-Saint-Maurice (Savoie) à Paris s'apprête à partir, la SNCF vire des voyageurs de 2 voitures de 1ère classe. Bon... pas si durement. Un contrôleur leur demande de quitter leur place à la gare suivante.

Pour quel motif ? Paraît que "l'épouse du roi d'Arabie Saoudite" a réservé la rame pour elle et sa suite... ça fait environ 80 personnes en tout! Et tout ce petit monde doit monter à bord à Chambéry... alors que l'arrêt n'est pas prévu.

Elle avait qu'à prendre des billets pour les places encore libres...Eric, un des voyageurs "délogés" s'exprimait sur RTL ce mercredi matin. "J'ai demandé au contôleur ce qu'il se passerait si je refusais de quitter ma place. Il m'a simplement répondu que je serais déplacé manu militari par des policiers..."

Mais ce n'est pas tout...Marc raconte que "le train a pris beaucoup de retard avec toute cette histoire. Mais nous sommes arrivés à l'heure puisque notre TGV est devenu prioritaire et on a même vu des trains s'arrêter pour nous laisser passer."Et la SNCF, elle en dit quoi ?Un porte-parole a assuré que ce genre de "procédure" arrivait "fréquemment". "On l'a fait pour la famille royale saoudienne, cela aurait pu être pour un comité d'entreprise".


Episode 2 :

Un policier :
Que pensez-vous de la réaction du contrôleur ?

"J'ai déjà rencontré ce type de situation, et cela ne me choque pas. Nous pouvons toujours intervenir en faisant jouer, notamment, le critère de sécurité. Si nous n'intervenons pas dans ce genre de situation, à quoi sert la police ?" déclare mercredi un policier d'Annemasse (Haute-Savoie) au Post.

Etait-il réellement question de sécurité ?

"Je ne connais pas précisément le dossier, mais nous n'allons tout de même pas laisser une famille royale dans la nature sous prétexte que M. ou Me Dupont a décidé de ne pas quitter son siège car il ou elle a payé son billet ! C'est tout de même une priorité qui me paraît tout à fait raisonnable."

Avez-vous l'habitude de ce genre de situation ?

"Oui. J'ai travaillé pendant 20 ans en région parisienne. J'ai très souvent escorté des familles royales ou des personnalités publiques extérieures au pays. Dans ce cas, le processus de sécurité est enclenché du début à la fin : nous passons aux feux rouges, etc....."


Episode 3 :


Céline Jegoux, une parisienne de 30 ans enceinte de 7 mois, revenait de vacances au ski avec trois amis.


Que s'est-il passé ?

"Tout commençait très bien. Nous sommes montés dans le TGV à Bourg-Saint-Maurice et avons pris place en première. Puis, après quelques kilomètres, un contrôleur est venu nous voir. Nous pensions qu'il venait contrôler nos billets, mais non, il nous a demandé de partir !"

Qu'a dit le contrôleur ?

"Il nous a attribué des numéros de place dans une autre voiture de première à l'autre bout du train, dans un autre TGV, car le train était composé de deux TGV. En plus, il nous a proposé des places qui n'étaient pas côte-à-côte."

Comment avez-vous réagi ?

"Nous étions bien installés, avec tous nos bagages et nos affaires de ski. Nous lui avons demandé des explications. Il nous a répondu qu'une famille royale d'Arabie Saoudite avait réservé deux wagons à la dernière minute la veille au soir. Nous avions nos billets depuis plus d'un mois ! Avec les autres passagers, nous avons contesté et dit que nous allions rester à notre place."

Le contrôleur s'est-il emporté ?

"Comme nous refusions de bouger, le contrôleur nous a dit que si nous ne nous déplacions pas, la police s'en chargerait. Nous avons été très étonnés de sa réponse !"

Qu'avez-vous décidé de faire ?

"Après avoir été menacés, nous sommes descendus à la prochaine gare, à Moûtiers. Nous avons traversé tout le quai chargé comme des ânes, personne ne nous a aidés, pas même les contrôleurs qui nous regardaient faire sur le quai !"

Le train a-t-il pris du retard ?

"Le transfert de voiture a été long, nous avons pris au moins 40 minutes de retard. La fameuse famille royale serait ensuite montée en gare de Chambéry, mais nous ne l'avons pas vue, nous étions trop loin. Comme par hasard, tout le retard a été rattrapé et nous sommes arrivés à l'heure à Paris."

Comment s'est passée l'arrivée à Paris ?

"Une fois à Paris, nous avions bien sûr tout le quai à traverser...Nous avons vu une soixantaine de personnes avec de nombreux bagages, des ustensiles de cuisine,...Plusieurs agents de sécurité étaient là. Nous avons aussi vu une trentaine de Mercedes noires sur le parking situé derrière la gare."

Comment la SNCF a-t-elle communiqué pendant le trajet ?

"Elle nous a dit de bouger, a annoncé un "passager malade" lors de notre déménagement dans l'autre TVG, puis a invoqué un "problème technique" en gare de Chambéry pour laisser monter la famille royale. Sans commentaire..."

Que pensez-vous de tout ça ?

"C'est super honteux, inadmissible, scandaleux. C'est une question de principe. Cela prouve qu'avec de l'argent on passe devant tout le monde et on fait ce qu'on veut. Je ne pensais pas qu'on pouvait passer outre des réservations de voyageurs "normaux" qui ont payé leurs billets sous prétexte qu'on s'appelle Untel ou Untelle et qu'on est riche. Je suis surprise et dégoûtée. C'est quoi ce délire ? C'est ça le service public ?

Comptez-vous en rester là ?

"Avec mes amis, nous avons fait immédiatement une réclamation à la SNCF, et je sais que nous ne sommes pas les seuls. Nous attendons la réponse avec impatience."


Episode 4:


Passagers du TGV virés pour famille royale: "Quand c'est pour les salariés, c'est la croix et la bannière"
La CGT cheminots de Chambéry (Savoie) réagit à la décision de la SNCF de déplacer des passagers pour mettre une famille royale saoudienne.
Pour la SNCF, "cela arrive de temps en temps, pour des associations, groupes ou comités d'entreprise."
La secrétaire générale de la CGT cheminots à Chambéry, Véronique Martin, n'est pas de cet avis.

Que pensez-vous de cette histoire ?

"Cette façon de faire n'est pas équitable et nous nous y opposons fermement."

La SNCF dit faire pareil pour les comités d'entreprise, c'est vrai ?

"Elle n'a pas dû voir de train ou de voyageur depuis un moment...Je suis ravie de l'apprendre, et mes collègues le seront certainement tout autant. Pour nous, c'est la croix et la bannière de faire des réservations pour les groupes dans les TGV ! Pour les grosses commandes, les colonies de vacances d'été, par exemple, il est de plus en plus difficile de trouver des places. Alors si la famille royale les trouve illico, c'est tout de même un peu fort !"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

incroyable,je croyais que depuis la révolution française,les privilèges avaient été abolis. Je plaisante bien sûr,car après CHIRAC et maintenant SARKO,la royauté est de retour et ce provebe va revenir sur nos tablettes
faites ce que je dis ne faites pas ce que je fais
N 'empèche,je me demande ce qui se serait passé si j'avais été dans ce TGV,car moi je n'aurais pas bougé de ma place. il y aurait eu du grabuge
joly