lundi 14 mai 2007

Côté architecture à Paris , ça bouge !





Le quartier a pour joli nom Philidor-Maraîchers. A deux pas de la porte de Vincennes, dans le 20e arrondissement, on trouve dans ce décor de faubourg l'un des plus anciens sites de la RATP à Paris : sur 4 hectares, dans des hangars aux murs de brique, les ateliers de Charonne pour la ligne 2 du métro et le centre-bus Lagny. Depuis quelques années, le quartier change de visage sous l'impulsion de la RATP.

Dans tout Paris, la régie de transports dispose de zones industrielles dévolues au parking ou à l'entretien des bus et des métros. Philidor-Maraîchers est emblématique d'une politique qui mène de front modernisation de l'outil de travail et transformation de ces terrains industriels fermés en véritables morceaux de ville.



A Philidor-Maraîchers, sur près de 1 hectare, le tapis de brique des ateliers du métro a laissé la place à un quadrillage de rues bordées de plantations, séparant des bâtiments à l'architecture contemporaine. Les amoureux du vieux Paris pourront regretter qu'aucune trace des anciens ateliers n'ait été conservée. Mais au moins la transformation est-elle de qualité. Le plan-masse est signé Patrick Berger, Grand Prix de l'architecture 2004, dont le projet l'a emporté face à quatre concurrents. "Sa proposition avait l'évidence de la simplicité. Ses éléments autonomes restituaient cet îlot à la ville en le rendant perméable", estime Rémi Feredj, directeur du patrimoine à la RATP.



Patrick Berger a construit sur place un élégant et astucieux espace socioculturel de 3 200 m2 en métal et en bois, dévolu au comité d'entreprise de la RATP. Lui fait face un immeuble de bureaux de la RATP de 6 200 m2, dessiné lui aussi par un architecte prestigieux, Jacques Ferrier. De l'autre côté de la rue voisinent un immeuble de logements privés et une halte-garderie, signés Marie-Hélène Badia et Didier Berger, et un immeuble de logements sociaux réalisé par Francis Nordemann. Celui-ci doit aussi bâtir la nouvelle chaîne d'entretien du métro, dissimulée à l'arrière de la parcelle.
Car le défi relevé par la régie est de faire cohabiter cette urbanisation avec le maintien de l'activité. "La politique parisienne de développement des transports en commun accroît nos besoins de place, constate M. Feredj. Et nous devons faire face à la modernisation du matériel, au renouvellement des rames de métro." Dans cette opération, la RATP dispose d'une ressource précieuse, des terrains sous-exploités, et d'une astuce : "La réforme de l'outil industriel est financée par la rente foncière que nous procurent les programmes de logements ou de bureaux", résume M. Feredj.



VERS LE CIEL
Pour multiplier les mètres carrés et diversifier les programmes, les ateliers étalés en surface font place à des bâtiments qui descendent en sous-sol et montent vers le ciel. Ainsi, dans le 15e arrondissement, sur une bretelle ferroviaire de la petite ceinture, l'architecte Emmanuel Saadi s'est vu confier 48 logements et le nouveau centre de commande de la ligne 12 du métro. Et boulevard Jourdan, dans le 14e arrondissement, 150 logements sociaux, 300 chambres d'étudiants et 40 appartements privés sont programmés au-dessus d'un dépôt d'autobus. Parmi les maîtres d'oeuvre en compétition pour cette opération, des architectes de renom comme Manuelle Gautran, Nasrine Seraji, Dietmar Feichtinger, Frédéric Borel...



La RATP fait en effet le pari d'une architecture de qualité, au point de devenir l'un des maîtres d'ouvrage les plus intéressants de la capitale. Sans y être obligée, l'entreprise organise des concours pour la conception de ses bâtiments et se fixe pour règle de ne jamais faire travailler deux fois le même architecte. Et même quand la régie cède à un opérateur privé la commercialisation de logements ou de bureaux, c'est après avoir elle-même choisi l'architecte, développé le projet et obtenu le permis de construire.
Ce travail d'aménageur, le transporteur l'assure depuis 1990. Il s'agissait au départ de requalifier des territoires désertés par la RATP. "Notre image d'entreprise est attachée aux sites, y compris quand on n'est plus là", explique M. Feredj. Depuis quinze ans, 2 000 logements dans Paris ont ainsi été construits sur des friches de la RATP, dont la moitié de logements sociaux.



Grégoire Allix






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